C’est ainsi, lorsque l’on évoque la ville de Rouen devant un Orléanais attaché à son héroïne municipale, la conversation sent immédiatement le roussi. Même si ces bons Rouennais ne sont en rien responsables de Jeanne au bûcher suppliciée par les Anglais et les gens d’église, la capitale de la Normandie porte la marque indélébile de cette tragédie.
Rouen et son mémorial Jeanne d’Arc
Une fois cette prévention mise au rancard, Rouen suscite les clichés ordinaires, ville de la “Seine-Maritime”, hinterland de Paris disent les technocrates de l’aménagement du territoire, ancien fief de Jean Lecanuet “le Kennedy français” avancent les érudits politiques, et l’on ajoutera pour faire bonne mesure, Rouen ville de la première rue piétonne en France, celle de l’élégante Gros horloge et bien sûr la cathédrale Notre-Dame, star du gothique, nantie d’une flèche à 151 mètres, la plus haute de France. Et puis, sans doute pour expier son passé et sa place du Vieux Marché où fut brûlée la Sainte, Rouen s’est doté d’un Historial Jeanne d’Arc qui raconte l’épopée de l’héroïne avec les technologies d’aujourd’hui.
Plus récemment Rouen a réussi la réunification de la Haute et la Basse-Normandie dont la division était une aberration administrative de plus de notre beau pays. Mais ici, les élus régionaux ont eu la pertinence de partager le “gâteau” du siège régional et des sessions entre les deux autres “rivales”, Caen et le Havre. Imaginez un peu, malgré la langue de bois régionale qui fleurit en Centre-Val de Loire sur le sujet, qu’Orléans et Tours s’entendent pour répartir les “capitales”…Pardon les Métropoles.
La fausse tour Jeanne d’Arc
André Degon
Mais revenons à Jeanne d’Arc. André Degon, taille en pièces une légende qui voudrait que Jeanne d’Arc ait été détenue, voire pire, dans la Tour Jeanne d’Arc, près de l’actuelle gare, sur la rue du Donjon. “Faux” répond ce Normand d’adoption, journaliste et chroniqueur à Magcentre. La Pucelle fit un bref passage dans cette tour où on lui présenta le 9 mai 1431 quelques instruments de tortures prometteurs. Dans ce chapitre, André Degon raconte où fut vraiment détenue Jeanne…L’auteur consacre aussi une page aux vraies et fausses thèses sur la vraie Jeanne d’Arc qui reviennent à peu près aussi fréquemment, toute proportion gardées, que les corbeaux et autres versions de l’affaire Grégory. Le dernier ouvrage en date est celui de Roger Senzig et Marcel Gay, “l’Affaire Jeanne d’Arc”, (le livre de poche).
Pour notre plus grand plaisir, André Degon a aussi “bûché” sur d’autres secrets et mystères de Rouen, grattant derrière l’image officielle de la ville. Quatre chapitres composent ce “guide secret de Rouen”, “Espaces sacrés et vertiges païens”, “Légendes sorcelleries et superstitions”,”Lieux étranges”, “Drames et curiosités de l’histoire”. Pour ne pas visiter idiot la “ville aux cent clochers”, il convient donc, équipé de ce guide, d’aller fouiner derrière ses belles rues à pan de bois pour en revivre les secrets et légendes. Celle par exemple de Saint Romain, qui n’était pas fou, mais qui délivra les habitants d’un dragon redoutable.
Ch.B
- Guide secret de Rouen, par André Degon, aux éditions Ouest-France, 143 pages illustrées, 13,50€.