Emmanuel Macron à l’assaut du Sénat

Après avoir dynamité l’Assemblée nationale, Emanuel Macron cherche à imprimer sa marque sur le Sénat dont le renouvellement par moitié est fixé au 24 septembre et où il dispose déjà d’un certain nombre d’alliés.

Ce mardi matin, François Patriat, sénateur ex PS de Côte d’Or, son fondé de pouvoir au Palais du Luxembourg depuis que Gérard Collomb a rejoint le gouvernement, a annoncé la constitution d’un groupe de La République en Marche (LREM) d’une « trentaine d’unités », premier noyau qu’il souhaite élargir en septembre avec de nouveaux entrants.

« En fait, lors des législatives, les candidats de LREM ont reçu le soutien de nombreux petits maires, divers droite ou divers gauche, un peu partout en France. La consigne a été donnée de convertir rapidement ces élus locaux en militants de LREM de manière à peser dans le collège des grands électeurs des sénatoriales. », susurre Patriat confiant. 

Hier soir il a enregistré  un nouveau  ralliement, celui de la sénatrices ex-socialiste d’Indre-et-Loire, Stéphanie Riocreux. « Je vois des collègues de gauche et de droite souhaiter l’échec du gouvernement. Je ne peux pas me satisfaire de cette situation », explique-t-elle. Elle a rejoint son collègue ex- socialiste du même département, Jean-Jacques Filleul macroniste depuis le printemps  et qui ne se représente pas.

Peu avant l’écologiste André Gattolin (Hauts-de-Seine) avait également rejoint les 25 sénateurs ayant décidé de former le groupe de la République en Marche au Sénat, entraînant  de facto la disparition du groupe écologiste à la Haute Assemblée. Ce groupe ne compte plus que 9 membres, alors que le seuil pour former un groupe au Sénat est de 10 sénateurs et  que l’ancien ministre Vert  Jean-Vincent Placé a préféré intégrer le parti socialiste lors de son retour au sénat.

« Nous allons déposer les statuts du groupe La République en Marche demain auprès de la présidence du Sénat pour  qu’il puisse être enregistré jeudi lors du bureau du Sénat et de la Conférence des présidents. Il sera ainsi opérationnel lors de la session extraordinaire (4 juillet- 4 aout). Ce groupe a vocation à s’agrandir et même à devenir le deuxième groupe parlementaire du Sénat après les élections de septembre », a déclaré François Patriat qui compte déjà peser sur les débats. Il a également confirmé que LREM aurait des listes aux sénatoriales. Leur  dépôt doit avoir lieu au plus tard le 7 septembre.

Pour l’heure ce groupe compte deux anciens ministres socialistes Alain Richard (Val d’Oise) et Nicole  Bricq (Seine-et-Marne), un ancien socialiste passé au groupe RDSE à majorité PRG ou Noëlle Rauscent, la suppléante de Jean-Baptiste Lemoyne (Yonne), premier parlementaire LR à rallier Macron et depuis entré au gouvernement.

Le PS sénatorial constructif avec le gouvernement

Jean-Pierre Sueur

Jean-Pierre Sueur

Le groupe PS également réuni au palais du Luxembourg a pris massivement position en faveur d’une attitude constructive en faveur du gouvernement. Seuls 7 sénateurs voulaient être dans l’opposition alors que 53 ont été contre. « Nous ne serons des parlementaires attentifs » a dit Jean-Pierre Sueur, sénateur PS du Loiret, « nous ne sommes pas dans l’opposition et nous n’avons pas changé de nom, nous restons socialistes. En vertu de quoi les députés socialistes  en ont-ils décidé de le changer de nom ? Il n’y a pas eu de vote au parti. »

Gérard Larcher
aux manettes pour contrer l’offensive

Les troupes macronistes prennent position et se tiennent à l’affût de la moindre place prenable. Le PS dont les bastions sur le terrain se sont écroulés  est assuré de voir ses effectifs diminuer lors du renouvellement de septembre qui concerne  les élus des départements allant de l’Indre-et-Loire aux Pyrénées-Orientales, ceux de l’Ile-de-France, de la Guadeloupe, la Martinique, la Réunion ; la Nouvelle-Calédonie, Saint-Pierre-et-Miquelon et 6 sièges de sénateurs des Français hors de France, soit 170 sièges sur 348, dont 34 seront désignés au scrutin majoritaire et 136 au scrutin proportionnel.

LREM fait tout ce qu’il peut pour gagner des sièges et il est assuré d’en remporter, « Les sénateurs LREM pourraient être suffisants pour que la droite ne dispose que d’une majorité relative », anticipent certains. Le groupe RDSE jusqu’à son entrée au gouvernement présidé par Jacques Mézard, le ministre de la Cohésion des territoires, a décidé de ne pas se fondre dans En Marche ! tout en restant un allié fidèle sur lequel Emmanuel Macron pourra  compter à l’occasion. C’est un fait.

Mais  la droite sénatoriale, Les Républicains et le centre, reste solide dans la mesure où les scrutins locaux des années précédentes lui ont donné une bonne base de grands électeurs. Cependant, pour elle,  un risque nouveau est apparu avec la multiplication des listes dissidentes.  Certains battus en juin aux législatives espèrent un repêchage  en septembre aux sénatoriales. En outre l’entrée en vigueur du non-cumul des mandats ferment un certain nombres de portes et certains ont du mal à se résigner à une fin de carrière. Pour rester président du Sénat, Gérard Larcher L.R. devra  chercher des alliés pour contrer l’offensive macronienne et juguler une opposition intérieure plus ou moins forte. Il a déjà prévenu que « le palais  du Luxembourg n’était pas un maison de recyclage » et il ne faut pas oublier que l’actuel président du Sénat, élu de Rambouillet dans les Yvelines,  est un fin tacticien, ce qu’il a montré à plusieurs reprises.

Françoise Cariès.

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