On le pressentait, c’était même devenu un secret de polichinelle, Olivier Carré ne se sent plus en phase avec son parti Les Républicains. Il vient d’annoncer qu’il “reprend sa liberté”. En rupture avec les actuelles turpitudes de son parti. Il y a quelques jours il disait se sentir proche du groupe de “Constructifs”, le groupe formé par les “macron compatibles” de L.R. et l’UDI de l’Assemblée qui compte pourtant trouver des relais dans les collectivités locales.
Olivier Carré vendredi devant la presse.
Proche de Bruno Le Maire, Olivier Carré était parfois annoncé à En Marche !, devenu La République en Marche, parce qu’il s’estimait sur la même longueur d’onde que la Président de la République sur de nombreux points, surtout en matière économique. N’avait-il pas “transgressé” lors des fêtes de Jeanne d’arc 2016 en invitant le ministre de l’Economie de François Hollande, un certain Emmanuel Macron, dont ils se disait très proche. À tel point que certains évoquaient même son entrée au gouvernement dans le deuxième gouvernement d’Édouard Philippe dans la foulée du nouveau locataire de Bercy.
Orléans lui tient à coeur
©Jean Puyo
Seulement voilà, il y a la métropole. Jeudi soir le processus prévu de longue date est arrivé à son terme: Olivier Carré a pris le relais de Charles-Eric Lemaignen et donné le vrai coup d’envoi de cet Orléans Métropole qu’il veut mordicus faire entrer dans le club des “quinze agglomérations qui comptent en France”. Or, comme le chef de l’État ne veut pas de ministres “cumulards” dans son équipe gouvernementale, Olivier Carré au cas où il aurait été sollicité, aurait du lâcher ce projet local qui lui tient tant à cœur. On l’a bien vu et souligné lors de sa prise de fonction jeudi soir: pour ce natif d’Orléans, fils de l’ancien patron de la République du Centre, en famille aussi avec l’ancien maire d’Orléans Roger Secrétain, à l’origine entre autres de la création du quartier la Source, ce qui fait battre son cœur et trembler sa voix, c’est sa ville étendue à sa banlieue proche, les 22 communes qui forment Orléans métropole.
Durant quelque temps, Olivier Carré risque de passer sous les radars de la politique nationale puisque le temps des députés-maires est dépassé. Mais il aura de quoi s’occuper. Devant la presse vendredi matin, il a parlé de “co-construction” d’avenir avec les communes, du classement d’Orléans métropole devant des agglomérations concurrentes comme Tours ou Clermont en terme d’atouts. Lorsqu’il ambitionne de vouloir titiller des villes comme Nantes, Bordeaux, lorsqu’il évoque les 21 communes qui “détiennent une part de la métropole”, et lorsqu’il parle de la ville centre dont il est le maire et le “patron”, on ne peut s’empêcher d’y voir des similitudes à gouverner, comme on gère une entreprise. Avec d’abord les résultats en ligne de mire. À la Macron.
“Je ne changerai pas de logiciel”
Avec les communes de droite, de gauche, du centre. Pas question pour lui de rejoindre La République en Marche. “Tant que ce n’est pas stabilisé… je ne changerais pas de logiciel”. En fait Olivier Carré fait comprendre qu’il a d’autres chats à fouetter ces mois prochains que de s’ébrouer dans le marigot des recompositions en cours à droite. D’autant que la gestion d’une équipe municipale composée à force de synthèses par Serge Grouard, maintenant revisitée sous la bannière de la République En Marche, aurait tourné au rubik’s cube puissance dix.
Toujours au centre droit
Olivier Carré et Serge Grouard lors de l’élection à la métropole.
Il se situe toujours, a t-il dit vendredi, “au centre droit“. Certes il a perdu en route le “rayonnement” d’un Serge Grouard à Paris et Charles-Eric Lemaignen n’a pas pu prendre son écharpe tricolore au Palais Bourbon. Mais il ne néglige pas les relais des néophytes fraîchement élus , le trio de la majorité, Rist, Janvier, Ramos. En oubliant au passage de citer les trois député de son “camp”, de Ganay, Door et Dubois. “j’ai”, dit-il “gardé mes connaissances acquises lorsque j’étais parlementaire.” D’ailleurs, Charles-Éric Lemaignen aura comme mission d’accrocher Orléans Métropole à la future ligne ferroviaire Orly-Roissy. Condition sine qua non d’une métropole digne de ce nom reliée aux aéroports. Ce qui se sera pas une mince affaire tant le dossier serpent de fer a déjà connu des convulsions en tous genres.
Si Olivier Carré a quitté son parti politique, c’est, affirme t-il pour mieux mettre en marche Orléans Métropole.
Ch.B
Le communiqué d’Oliver Carré
« Le second tour des élections législatives a confirmé le déclin inexorable du parti Les Républicains. Bien plus que les circonstances dans lesquelles se sont déroulées les primaires, puis la présidentielle puis les législatives, c’est pour des raisons de fond que, de scrutin en scrutin, notre parti est passé de 358 députés lors de la fondation de l’UMP en 2002 à 113 aujourd’hui. Le manque de lucidité de nos équipes dirigeantes, trop tournées sur elles-mêmes, confinées sur une vision étroite de notre pays, a gâché l’espoir et le travail de milliers de militants bénévoles et découragé les français qui portent pourtant nos valeurs. J’ai donc pris la décision de reprendre ma liberté, ce qui m’amène à ne m’engager dans aucun parti et de consacrer l’essentiel de mon engagement politique au service des Orléanais et d’Orléans Métropole. »
Olivier Carré,
Maire d’Orléans,
Président d’Orléans Métropole