De deux choses l’une: ou les médias, radio et télé, n’influencent pas les électeurs. Ou bien le téléspectateur préfère le novice, le balbutiant, au baroudeur des plateaux, aux beaux parleurs, aux experts qui ont tout vu, tout bu, tout lu…
Deux exemples récents de “plantage” de candidates aux législatives prouvent que l’électeur ne se fie pas toujours aux apparences de la rhétorique. Ainsi en région Centre-Val de Loire, les images ont fait le tour du web. Celles de Fabienne Colboc (LREM) candidate sur la 4 ème circonscription d’Indre-et-Loire, invitée de France 3. Elle bafouille, s’égare et présente une vision embrouillée des mesures sociales et économiques du Président de la République. Le journaliste, Pierre Bouchenot l’a regarde d’un air d’autant plus ébahi qu’elle se présente comme une professionnelle du “coaching”.
Les électeurs n’ont pas tenu rigueur à la candidate d’avoir raté son passage sur le plateau à côté de vieux briscards comme Hervé Novelli (LR), Laurent Baumel (PS) notamment qui ont traîné leur guêtres sur les plateau TV depuis des décennies. Au premier tour, la candidate Macron a dégagé notamment Laurent Baumel, un frondeur qui est passé des centaines de fois à l’antenne pour débiner la politique de François Hollande sous l’étiquette duquel il avait été élu. Et au second elle s’est payé l’ancien ministre de Nicolas Sarkozy, Hervé Novelli.
Dans une récente émission d’Arrêt sur images, que nous signale un de nos chroniqueurs Michel Caillat, une députée battue au premier tour, Isabelle Attard, est invitée par Daniel Schneiderman à dire ce qu’elle “pense des candidats novices qui bafouillent sur les plateaux”... “Pour évoquer le nouveau monde macronien, nous avons choisi une voix de l’ancien monde.” dit le journaliste.
“Cette phrase de présentation du dernier Arrêt sur Images en dit long sur ce mépris. Schneiderman est pour le renouvellement en conservant les mêmes. Il méprise ceux qui n’ont pas l’habitude des micros (le petit peuple). Je lui ai demandé s’il trouvait cette phrase idiote ou sexiste ou les deux mais je n’ai pas eu de réponse. Je préfère une ou un bafouilleur qui dit des choses intelligentes que de beaux parleurs qui se croient capables de parler tout en disant n’importe quoi. Les cumulards de la presse à la Joffrin reflètent ce journalisme insupportable de l’omniscience. Plus rien ne peut être dit et fait sans jeter la suspicion.Il faut vacciner ce sont les labos derrière. Il faut des ordinateurs à l’école, ce sont les maîtres de l’informatique derrière. Vous êtes un citoyen vous êtes exemplaire, vous devenez un candidat on va fouiller pour voir si vous n’avez pas été condamné un jour. Il est peut-être temps de dénoncer ce journalisme de bas fond (dans tous les sens du mot)”.
Michel Caillat n’a pas tort, et les Français saoulés par les sempiternels débats des chaines d’infos ont voulu mettre une claque à ces politiques blanchis sous le harnais et qui en redemandent. Comme, autre exemple dans le Loiret cette fois, Serge Grouard. Il a écrasé de toute son expérience son adversaire la néophyte Caroline Janvier sur France Bleu Orléans au lendemain du premier tour. D’ailleurs, l’ancien maire d’Orléans était tellement sûr de sa supériorité légendaires, qu’il n’a pas daigné se déplacer le vendredi à RCF où un autre débat lui était proposé contre la même candidate de LRM. Ce mercredi matin c’est Caroline Janvier qui a fait son entrée au Palais Bourbon. Cette jeune femme, novice en politique, qui n’est pas une “bête de l’interview”, a pourtant battu l’ami de François Fillon avec 51,23% des voix.
C’est dire si certains électeurs n’en n’ont plus grand chose à battre des professionnels de la langue de bois, dont chaque mot est soupesé au trébuchet des courants de leur parti. Mais malheureusement dimanche soir la Macronie avait envoyé aux candidats et candidates vainqueurs, des éléments de langage du genre, “nous sommes heureux de notre victoire, parce que les français ont voulu du renouvellement, mais humbles devant tant d’abstention” qu’ils ont répété à foison devant stylo, micros et caméras. Pourvu qu’ils n’apprennent pas trop vite. Pourvu qu’ils bafouillent encore dans deux ans.
Ch.B