À la suite d’une intervention policière menée par la gendarmerie, accompagnée d’inspecteurs de l’Urssaf, vendredi matin, dans les locaux de l’Institution l’Angélus, à Presly, dans la Sologne du Cher, entre Aubigny-sur-Nère et Neuvy-sur-Barangeon, l’établissement a du fermer ses portes. Cette fermeture a pris effet immédiatement en cette fin de semaine et jusqu’à la date des vacances scolaires estivales. L’institut qui regroupe plus d’une centaine d’élèves, est « un internat catholique indépendant pour garçons du primaire à la Terminale, reconnu canoniquement auprès du Diocèse de Bourges depuis le 2 juillet 2016 ». L’intervention aurait été conditionnée par des signalements de témoignages auprès des services de l’Éducation Nationale. C’est celle-ci qui aurait alerté le procureur de la république. Sur place une soixantaine d’enfants ont été auditionnés. C’est Jérôme Millet, le directeur de cabinet de la préfète du Cher, qui a annoncé, dès vendredi soir que “la préfète a signé un arrêté de fermeture de l’établissement scolaire l’Angélus, sur le fondement de la protection de l’enfance, au regard de l’enquête judiciaire en cours.” Pour les semaines à venir, le représentant de l’État a indiqué que « la Préfecture attend les résultats de l’enquête ».
Une dizaine d’élèves devront rejoindre d’autres internats pour poursuivre leur cursus
La dizaine d’élèves en instances de passer des examens devrait intégrer d’autres internats afin d’assurer une continuité scolaire. École libre et indépendante, l’Angélus ne bénéficie d’aucune subvention de l’état ; le corps enseignant est choisi par le Directeur en fonction d’un projet éducatif, le personnel est rémunéré par l’Association gestionnaire de l’école. Le coût normal de la scolarité était, pour la dernière année scolaire, de 550€ par mois. Selon le site de l’école, « Le 2 juillet 2016, son excellence Monseigneur Maillard, Archevêque de Bourges, a remis en mains propres au directeur de l’Angélus le décret de reconnaissance canonique de l’Angélus. Aussi, à ce titre, l’Institution l’Angélus est en droit de porter le nom de “école catholique”. Nous précisons que cette reconnaissance canonique n’enlève rien aux spécificités propres d’une école hors contrat en terme pédagogique. D’autre part, ce décret se référant à la Charte de l’Institution, il ne remet nullement en question le choix liturgique de l’Angélus, c’est à dire l’usage des livres liturgiques de 1962 de manière exclusive ».
Au cours d’une conférence de presse, le procureur de la République de Bourges, Joël Garrigue, présent lors de l’opération, a indiqué que cela concernait des faits de « mauvais traitements sur des enfants, des soupçons de nature sexuelle » et de possibles « soupçons de travail dissimulé ».
Pour certains parents d’élèves, ces soupçons paraissent exagérés. L’un d’eux, sur le site du journal Le Berry Républicain, parle quant-à-lui, et selon les dire de son fils « d’heures de colle et d’un renvoi dans un cas très grave ». Il évoque une plainte par une mère d’élève qui s’offusquait qu’une « entreprise de produits laitiers fournissent gratuitement des produits proches de la limite de vente ». On est très loin des deux ou trois témoignages qui peuvent laisser supposer de possibles agressions sexuelles, et de la vingtaine de cas de « violence », comme de la privation de nourriture ou l’obligation d’immobilisme pendant plusieurs heures. Autant de punitions évoquées dans plusieurs organes de presse nationaux.
Pour l’heure, seul le directeur de l’Institut, l’Abbé Spinoza, a été un temps, celui des perquisitions, placé en garde à vue.
Un abbé de formation traditionaliste
L’abbé Régis Spinoza est le directeur de l’institution l’Angélus depuis son ouverture en 2010. Précédemment, il a enseigné dans les Hauts de France, dans plusieurs établissement indépendants ou privés sous contrat, a été directeur d’école et de collège et envoyé en Afrique comme missionnaire. Il a été ordonné prêtre en 2007, à Bordeaux, après des années de séminaire à l’Institut du Christ-Roi, et des études de théologie à Fontgombault. Il est arrivé en Berry à l’été 2009, au moment où l’institut l’Angélus était une « maison des Oblates du sacré-cœur » qui regroupait un orphelinat et une école depuis 1924 et venait d’être vendue. Selon Famille Chrétienne, l’abbé Spinoza avait été mandaté par l’institut du Bon Pasteur (érigé en 2006 comme société de vie apostolique de droit pontifical par Benoît XVI) et avait racheté terres et bâtiments, dont une chapelle, pour créer un ordre de Frères enseignants et éducateurs. Passé de 26 élèves en 2010 à 109 cette année l’angélus avait connu une belle progression. L’abbé avait d’ailleurs envisagé la création,, pour la prochaine rentrée, d’une nouvelle école catholique, Notre-Dame-de-l’Annonciation, primaire et collège de filles. Un professeur de Latin ainsi qu’un enseignant pour les grandes sections de maternelle et Cours préparatoire était en cours de recrutement.