Jeanne d’Arc n’en finit pas de stimuler l’imagination de nos artistes: après Laurent Woulzy qui déclarait sa flamme à Jeanne lors d’un concert mémorable en la cathédrale d’Orléans, c’est cette fois le réalisateur le plus extravagant du cinéma français contemporain, Bruno Dumont (souvenez-vous de “Ma Loute”, sorti l’an passé), qui propose une comédie musicale électro-rock baroque sur l’enfance de Jeanne d’Arc, construite sur les textes du très catholique et néanmoins socialiste Charles Péguy.
Lise Leplat Prudhomme dans Jeannette, l’enfance de Jeanne d’Arc de Bruno Dumont, (© R.Arpajou/TAOS Films/Arte)
Dialogues de Péguy, musique électro-variète-hard-rock d’un certain Igorrr, chorégraphies de Découflé, Domrémy déménagé dans les dunes du Pas-de-Calais, c’est l’enfance de Jeanne d’Arc vue par Bruno Dumont présentée à la Quinzaine des réalisateurs, le geste le plus dingue de ce festival.
Serge Kaganski Les Inrocks
Les dialogues inspirés du
Jeanne d’Arc (1897) et
du Mystère de la charité de Jeanne d’Arc (1910)
confrontent Jeannette (interprétée par un duo de comédiennes totalement amateures comme les affectionne Bruno Dumont), à sa bonne amie Hauviette avec sa foi simple du catéchisme, et à Madame Gervaise, une nonne, qui lui oppose les vertus de la résignation mystique. Enfin, Jeanne devenue adulte met à exécution sa mission, trompant la vigilance de son père avec la complicité de son oncle, le film se terminant lors du départ de la Pucelle de Domrémy.
On attend avec impatience la sortie du film dans la cité johannique, car tout Orléanais se sentant peu ou prou dépositaire de la vérité sur Jeanne, on ne manquera pas de commenter dans les chaumières cette version du mythe pour le moins décalée. Mais peut-être pourrait-on trouver dans ce film quelques idées pour donner une image de Jeanne un peu plus contemporaine lors de nos prochaines Fêtes de Jeanne d’Arc ?…
GP
“Jeannette” (1 h 45).
Film français de Bruno Dumont
avec Lise Leplat Prudhomme, Jeanne Voisin, Lucile Gauthier, Victoria Lefebvre