On attendait 577 noms il n’y en eut 428 investis par la République en Marche aux législatives. A peine cette short-list a-t-elle été dévoilée que le président de son allié le Modem a jeté un pavé dans le marigot pré-électoral. « Cette liste n’a pas mon assentiment » a-t-il déclaré avant de convoquer un bureau politique de son parti en fin de ce vendredi après-midi. Il y aurait trois fois moins de circonscriptions réservées au Modem que promis dans l’accord passé avec le nouveau président de la République.
Chez Macron on s’est employé à ménager la chèvre et le chou dans l’espoir de ralliements tant à gauche qu’à droite ce qui conduit à négliger les alliés de la première heure. Aussi, pour l’heure pas de candidat en face de Bruno Le Maire et Thierry Solère à droite et de Stéphane Le Foll, Jean-Marie Le Guen ou Myriam El Khomri à gauche. Les 159 circonscriptions restantes seront investies d’ici à Mercredi, date buttoir.
Le Modem se sent floué

Marc Fesneau
En attendant, au Modem, les vives réactions négatives s’enchaînent. La vice-présidente Marielle de Sarnez, bien qu’investie n’a pas souhaité que son nom apparaisse dans la publication. Même attitude de la part de Marc Fesneau secrétaire général du Modem dans le Loir-et-Cher. Bien qu’investi sur la troisième circonscription, celle de Blois, il a également souhaité que son nom soit retiré de la liste. Cependant les négociations continuent en coulisse tandis que l’alliance Bayrou-Macron scellée en grande pompe au début de la campagne présidentielle tourne au vinaigre. Cultivant le flou qui lui est cher, Emmanuel Macron avait annoncé une « alliance sur les valeurs et les idées » quand l’entourage de Bayrou rejetait « tout marchandage » sur les places à prendre en cas de victoire : au moins un sixième –soit 95- des investitures de la République En Marche. Jeudi, il n’y en a que 36, loin du compte.
Le maire de Pau s’emploie à faire remonter les enchères
Dans les media le maire de Pau déplore la surreprésentation de candidats PS, dont 24 députés sortants, pointe « une opération recyclage du Parti socialiste et l’ingratitude du nouveau président de la République : Nous l’avons fait élire. Quand je lui ai apporté mon soutien, il était à 18%. Il faut qu’un mouvement de raison permette des investitures dans toutes les circonscriptions, comme Emmanuel Macron et moi en sommes convenus depuis le premier jour de notre entente », s’emporte le Béarnais.
« Des lignes à ne pas franchir »
De leur côté, les responsables de la République en Marche (LREM) brandissent la carotte et le bâton. Le secrétaire général, Richard Ferrand, a assuré au président du Modem que « tout allait bien se passer », ajoutant, sarcastique à la mode de l’Aveyron dont il est originaire, « il n’y a rien de plus vieux qu’une colère de la veille ». Pas sûr que François Bayrou ait apprécié le ton et l’ironie surtout que, dans la foulée, le président de la commission d’investiture de LREM, Jean-Paul Delevoye a lancé qu’il « y avait des lignes à ne pas franchir. Une négociation ça se noue ou ça se rompt. Je lance un avertissement en disant attention car il y a des limites à ne pas franchir car nos concitoyens sont très éloignés, voire ne veulent plus de petits arrangements. Ce n’est pas une question de mathématiques, c’est aujourd’hui une question de cohérence, de confiance, de crédit. Chacun doit chercher l’efficacité et non les rapports de force ».
F.C.