Depuis les années 1980, le Front national se targue de chevaucher l’image de Jeanne d’Arc. Alors qu’à Orléans, les fêtes sont consensuelles le 8 mai, chaque année le 1er mai, Jean-Marie le Pen organisait avec le FN un grand défilé à Paris, avec arrêt et hommage devant la statue de l’héroïne place des pyramides.

Emmanuel Macron dans la tribune aux fêtes de Jeanne d’Arc, avec son épouse Brigitte, à droite le préfet Nacer Meddah et François Bonneau.
Cette époque est révolue. Pour deux raisons: en invitant Emmanuel Macron, à présider les fêtes en 2016, le nouveau maire d’Orléans, Olivier Carré (LR) avait non seulement fait preuve de transgression par rapport à son parti. Il avait aussi offert au futur candidat à l’élection présidentielle un tremplin historique sur mesure et une tribune idéale pour sublimer une des grandes figures de notre pays. Cette invitation du ministre de l’Economie avait entraîné le boycott des fêtes par certains parlementaires LR comme Jean-Noël Cardoux, Claude de Ganay, Marianne Dubois, Eric Doligé et Jean-Pierre Door… Ceux-ci avaient refusé de défiler avec l’invité d’honneur, “ne cautionnant pas la politique du gouvernement dont il est un des ministres.”
La France en marche

Emmanuel Macron au cours de son allocution sur Jeanne d’Arc.
A l’époque on avait même traité Emmanuel Macron de “puceau de la République”. Dans son discours il avait sublimé cette République unie, cette France qu’il voulait déjà en marche. Dans une interview au Progrès de Lyon, avant le 8 mai, Emmanuel Macron avait regretté qu’on “ait laissé Jeanne d’Arc au Front national”.
“Se rassembler sur des projets communs”
Le 8 mai, il déclarait à Magcentre dans une interview de fin de parcours: “… je pense qu’à des moments importants de l’histoire on doit pouvoir ouvrir, les transcender pour se rassembler sur des projets communs”. Prémonitoire.
Presqu’un an plus tard, son ascension fulgurante a conduit Emmanuel Macron aux portes de l’Elysée. Jeanne d’Arc, qui lui a offert son premier grand bain de foule à travers les rues d’Orléans, aura porté chance quelque part à Emmanuel Macron.
Sarkozy et Hollande avaient boudé Jeanne
Deuxième raison, récupérée par tous les camps au fil de l’histoire, Jeanne d’Arc ne “roule” plus, si elle l’avait jamais fait, pour l’extrême-droite. D’ailleurs, il était de tradition que le président de la République élu présidât les fêtes de Jeanne d’Arc un an après son entrée à l’Elysée. Or, les deux derniers, pas plus Nicolas Sarkozy que François Hollande n’auront sacrifié à cette tradition. Au contraire du général de Gaulle, de Valéry Giscard d’Estaing, de Jacques Chirac, de François Mitterrand. Sarkozy et Hollande déserteurs johanniques ont été renvoyés dans leur …foyer, si l’on peut dire à propos de Jeanne…! Emmanuel Macron lui, aura t-il inversé la tradition en présidant les fêtes un an…avant son élection. Réponse le 7 mai, la veille du 8 mai qui sera fêté à Orléans le… 14, une semaine plus tard pour cause de Présidentielle.
Quant à Marine Le Pen en 2016, elle s’était opposée frontalement à son père Jean-Marie en transformant le défilé parisien du 1 er mai en un banquet. Version officielle: pour des raisons de sécurité. Alors Jean-Marie Le Pen était allé presque seul, entouré de ses quelques grognards fleurir la Jeanne redorée place des Pyramides.
Jeanne d’Arc se vengera t-elle aussi de Marine Le Pen le 7 mai en préférant son jeune président des fêtes du 8 mai 2016, Emmanuel Macron. Réponse le 7 mai 2017.
Ch.B