La 41e édition du Printemps de Bourges débutera ce mardi (18 avril), au pied et à l’intérieur de la cathédrale Saint-Étienne, au cœur et au pied de la place Séraucourt, au pied et au cœur du palais d’Auron. Pour fêter ses quarante ans d’existence le festival référence du début de saison a voulu jouer ses meilleurs atouts et une grande longe de coups de cœur qui démarre au 22 Ouest ou Est alors qu’au tarot on part du 21, on finit par le petit, et on ne perd jamais ni au Nord, ni au Sud.
Une 41e donne tous publics, tous azimuts, tous âges. Les petits biberonnés au Rap, aux décibels de masse, aux chansons douces que ne leur chantaient pas leur mamans, seront tout autant intéressés que le anciens borderlines. Les tannés du cuir et du rock dégusteront à satiété leurs petites doses de blues, de funk et de béatitude musicale. Vianney, Jain et consorts ce ne sera pas pour eux. Classique, un peu de Renaud, sans Mister Renard, pour se mettre un Mistral gagnant en bouche. Une soirée pour se rappeler que les Lolas ont pris la quarantaine et leurs mamans de la bouteille. Et puis, à la suite ils feront un tour, ou deux, voir trois, vers les Inouïs. Pour les amateurs de musique de maintenant et de toujours, pour les bercés aux effluves de Muddy Waters, des Calsh, de Led Zep ou de Black Sabbath, c’est là que ce trouve la relève. Celle qui monte au front des jeunes filles, de leurs mères et de leurs grand-mères.
Passer par les Inouïs, c’est un pied dans le métier à tisser sa musique
Les scènes des Inouïs, c’est du neuf tout neuf ! C’est pas cher et ça déménage à tous les étages. Depuis plusieurs années déjà, le dispositif de sélection à l’échelon national a fait ses preuves. 28 antennes territoriales et francophones, toute l’année, explorent leur territoire pour dénicher les perles rares. C’est désormais 32 ans de repérage de nouveaux talents artistiques en rock, chanson, électro et hip-hop. La représentation pour cette édition 2017, ce sera 13 groupes de Pop-Rock, 7 pour les chanteurs (chanteuses) et pour l’Électro et 6 pour le Hip-Hop.
Détonnant, voir étonnant non comme aurait interrogé Monsieur Cyclopède. C’est lui qui sous son vrai blaze de Pierre Desproges avait déclaré, pour présenter la programmation de l’année 1987, trente ans déjà, que « Le Printemps de Bourges, j’en ai rien à secouer : je hais le rock, je conchie la musique classique, le jazz m’éreinte, et Jane Birkin commence à nous les gonfler avec ses regards désolés de mérou au bord des larmes. » Un tel hommage iconoclaste serait-il supporté désormais par nos chantres du politiquement correct et du rond de jambe aseptisé ?
Le Printemps n’en a eu cure alors. Depuis, son fondateur, Daniel Colling, laisse à d’autres le choix de la programmation et ça marche. Tandis que la liste des concerts déjà complets s’allonge à la vitesse du nez de Pinochio, d’autres sont en passe de l’être. Et rien que du neuf. Pour Albin de la Simone / Lady Sir (Rachida Brakni & Gaetan Roussel) samedi 22 avril, Delphine De Vigan & La Grande Sophie pour les deux spectacles du Jeudi 20 avril, Laura Cahen / Boulevard des Airs / Vianney / Jain, aussi le jeudi 20 avril, Lior Shoov / Camille, mercredi 19 avril, Magyd Cherfi / Gaël Faye – Petit Pays, vendredi 21 avril, ce ne sera pas la peine de faire le pied de grue devant les guichets. C’est pot plein et même à plein pot. Du coup, que d’ici ce 18 avril, la marionnette de Geppetto soit parée d’un perchoir longue portée ne serait pas étonnant. C’est bien le problème avec les nez en bois.
40 balais de No Futur
Pour 2017, on fait donc du neuf. Enfin du neuf avec du vieux et des relents de vieux avec du neuf. “Anniversairiser” les 40 ans du punk, comme l’age du Printemps, par une exposition et des conférences ça fait pas un peu vieillot, non ? En beuglant « No Futur » Sid Vicious nous aurait craché à la gueule avant de s’allumer un pétard. Alors une expo… surtout pour nous causer des punks végans ou en col blanc ! La culture est parfois à l’aune des vérités dictées par des édiles, alternative. C’est peut-être aussi pour ça qu’il faut aller au carré d’Auron, à des heures décentes, de 12 heures à 20 heures, du 19 au 23 avril (entrée gratuite) pour tenter de décrypter ces quarante années écoulées depuis que les punks à chiens on été remplacés par les punks à chien-chien à sa mémère. Un doigt d’honneur ou dans la narine, une crête par-ci, une crête par-la.
Du neuf aussi avec la création d’un spectacle Mes Hommes en hommage au 20e anniversaire de la mort de Barbara. On a eu Gréco en 2016, Renaud en 2017, eux sont pas morts. Pas encore. Comme quoi, avec des vieux…
Les dernières structures sont en place. Le W a dressé son chapiteau et les “ingés-son” (ingénieurs du son) vont pouvoir commencer à se faire des prises de tête. Normalement, sur les pentes du parking, là où se dressera la nouvelle maison de la culture de Bourges, les tractopelles devraient avoir recouvert les travaux du service d’archéologie préventive de Bourges Plus. Sinon, avant l’arrivée de ces festivaliers du coin et de plus loin. il va falloir que l’on cache les fouilles pour ne pas que l’on fouille les caches. Il ne reste plus qu’à vérifier sur place…
Fabrice Simoes.