Jean-Luc Mélenchon, candidat de La France insoumise à l’élection présidentielle, a tenu meeting dimanche 2 avril à Châteauroux, devant environ 3.000 personnes venues de toute la région. Au cœur du Centre-Val de Loire, trois semaines après Marine Le Pen au même endroit, il a évoqué une des préoccupations principale des zones rurales et villes moyennes : la santé.

Jean-Luc Mélenchon, les traits pourtant tirés, était en grande forme, dimanche 2 avril. Devant environ 3.000 personnes rassemblées au Mach 36 de Châteauroux-Déols, sur une scène centrale ressemblant à un ring de boxe, il a pendant une heure trois-quarts parlé « aux gens », dans un show politique millimétré. « On s’est retrouvé un dimanche pour la joie d’être ensemble ! ». Le candidat à l’élection présidentielle de La France insoumise – qui espère briser le plafond de verre du premier tour – a déployé, dans son style inimitable de tribun du peuple, quelques thèmes de campagne qui parlent aux Berrichons bien sûr, mais aussi à toute la région Centre-Val de Loire : la santé. Un « bien commun menacé par un krach sanitaire », a-t-il tonné. « Une triple menace est devant nous : nous devons faire face à de nouveaux défis ; notre appareil de soins est en voie de dislocation ; ce qu’il y a dans la tête des décideurs c’est la vision mercantile et entrepreneuriale de la santé ». Selon lui, « Plus de 30.000 personnes en France renoncent régulièrement à sa soigner faute de moyens, et faute de ne pouvoir trouver une offre sur place ».
Parmi les mesures phares qu’il propose, le « 100 % sécurité sociale », pour lutter contre la mutualisation galopante du système de santé. Pour financer une telle mesure – qui séduit l’auditoire – Jean-Luc Mélenchon doit trouver 16 milliards d’euros. Parmi celles envisagées, la « suppression des dépassements d’honoraires » (8 milliards d’euros, selon le candidat de La France insoumise). Il évoque aussi les difficultés liées à la suppression de la médecine du travail, transférée vers les infirmiers, ou encore la médecine scolaire, pourtant très utile en matière de dépistage : « Il y a actuellement un médecin scolaire pour 8.000 élèves. Un ou une infirmière scolaire pour 1.700 élèves. Ce qui a pour conséquence que 70 % des visites obligatoires entre 6 et 12 ans ne sont pas assurées ».
“Il sait s’appuyer sur les autres”
Des arguments qui séduisent Paul, venu de Montluçon : « ça donne la pêche ! En nous donnant une vision, il nous donne aussi des moyens. A Montluçon, l’hôpital est en très grandes difficultés, par manque de moyens, de personnel… Mais avec lui, beaucoup de choses peuvent changer. Il me redonne mes 25 ans ! » témoigne-t-il à l’issue du meeting.
Venus d’Indre-et-Loire près de Tours, Agnès et son mari pensent que « l’université de médecine doit s’ouvrir. Que tout le monde puisse passer le concours, après on voit. La suppression des complémentaires est une bonne idée. La santé, ça doit se rembourser à 100 %. Tout en découle », dit-elle.
Jean, 28 ans, est venu d’Argenton-sur-Creuse en famille, avec son tout jeune fils. « J’étais curieux, un peu hésitant, je voulais voir. Il est compréhensible, entouré de jeunes. On se sent concernés par ce qu’il dit ».
Cette capacité à rassembler, à fédérer un courant, « une vague qui se lève » comme il le dit, c’est ce qui frappe Agnès : « il est entouré de plein de gens autour de lui, il ne fait pas ça seul. Chacun apporte quelque chose, il sait s’appuyer sur les autres ».
“Je deviens une figure rassurante”
Mais ce qui se dégage peut-être le plus, c’est « la sérénité. Il dit : ce n’est pas pour moi, c’est pour tout le monde », ajoutent Agnès et son mari. C’est ce que Jean-Luc Mélenchon a déclaré dans l’édition dominicale du Journal du Dimanche : « Je deviens une figure rassurante. Je pense que les gens ont soif d’humanité. Je suis un chemin balisé. Du coup, j’apparais pour beaucoup comme une solution raisonnable… Non, pas raisonnable… raisonnée. Avec moi, il y a des étapes, un calendrier, une méthode », explique-t-il chez nos confrères du JDD. Une sérénité qui séduit – c’était visible – un public populaire très mélangé, de jeunes et de plus âgés. Le peuple, « les gens », comme il les appelle. « Quel que soit le problème, la solution, c’est le peuple » disait-il en voix-off juste avant le démarrage du meeting de Châteauroux. Un « peuple » et des « gens » qui scandaient : “Résistance ! Résistance ! Résistance ! », le poing levé. « Il est temps de rire de nos maîtres avant de les renverser », a-t-il conclu.
F.Sabourin.
