Pierre Allorant (avec Jacques Résal), professeur d’histoire du droit et doyen de la faculté de droit d’Orléans publie le 8 mars – journée internationale des droits des femmes – un livre de correspondance de quatre femmes, de 1814 à 1914. Au sein d’une même famille, plusieurs milieux professionnels sont ainsi éclairés : avocats, médecins, ingénieurs des ponts et chaussées. Des femmes instruites et de caractère, surtout.
La Demeure de l’ambition sort en librairie mercredi 8 mars, le jour de la Journée internationale des droits des femmes, et ce n’est pas un hasard, ce dont se réjouit son auteur, Pierre Allorant (co-écrit avec Jacques Résal). « Il s’agit certes de l’ascension d’une famille bourgeoise au XIXe siècle, mais ces correspondances sont surtout remarquables pour leur grande liberté, grande culture, l’excellence et la maîtrise de la langue française ». Un constat qui tranche avec ce qu’on croit d’ordinaire savoir sur le « statut » des femmes dans ce siècle-là. « Elles portent les grandes ambitions de leurs maris et de leurs fils. Elles ont un pouvoir important en l’absence de leurs hommes : elles s’occupent de l’éducation des enfants, elles gèrent les domestiques, les jardiniers, parfois même les terres agricoles », ajoute le doyen de la faculté de droit d’Orléans.
“Leur but n’est pas l’argent, mais le mérite”
On imagine – à tort – que la période 1814 à 1914 est un siècle de paix. « Pas du tout, il y a de nombreuses expéditions militaires, et des guerres : Algérie en 1830, Crimée en 1854-56. Celle de 1870-71 », explique Pierre Allorant. Les femmes se retrouvent donc souvent seules, et – comme on envoie des sms actuellement – elles écrivent tous les jours, aux maris, aux fils. Ursule, Louise, Gabrielle et Julie écrivent donc quotidiennement, numérotent les lettres reçues, les relisent, s’y réfèrent. « Ce qui est particulièrement remarquable dans cette lignée – seule Julie est la belle-fille de Gabrielle sinon les autres sont mères et filles – c’est qu’elles transmettent beaucoup de valeurs morales républicaines, elles sont ultra patriotes, elles appartiennent à une lignée de polytechniciens, elles côtoient des milieux intellectuels, Pasteur, les frères Lumières par exemple », ajoute P. Allorant. « Leur but n’est pas l’argent, mais le mérite, l’ambition sociale, le patriotisme. Louise adhère au socialisme utopique, les idées de Charles Fourier par exemple ».
Un triptyque pour la mise en valeur de ces correspondances

Pierre Allorant.
La Demeure de l’ambition s’inscrit à la suite d’un triptyque d’ouvrages du même auteur mettant en lumière des correspondances du XIXe début XXe siècle : notamment Femmes sur le pied de guerre, chronique d’une famille bourgeoise 1914-1918. Un volume sur la correspondance entre deux frères tous deux dans l’aviation pendant la Grande Guerre (La Grande Guerre à tire d’aile. Correspondance de deux frère dans l’aviation, 1915-1918). Et un volume sur la correspondance père-fils (Les lignes du front de l’arrière. Lettres du directeur de la Compagnie des tramways de Bordeaux à son fils artilleur, 1914-1918).
F.Sabourin.
La Demeure de l’ambition. L’ascension d’une famille bourgeoise au XIXe siècle vue à travers la correspondance des femmes. Correspondance présentée par Jacques Résal et Pierre Allorant. Préface de Geneviève Haroche-Bouzinac. Presses universitaires de Limoges. 445 p.