L’affiche du film nous prévient “une comédie hilarante” avec une “héroïne des temps modernes”… Hilarante je ne sais pas, mais en tout cas le film surcharge la “modernité” avec tous les clichés comiques d’un cinéma qui doit faire rire: les jumelles en bas age livrées à elles-mêmes, les amants irresponsables voire tordus, les rencontres sexuelles d’un soir, le mariage branché, les confidents improbables comme le baby-siter ou la voyante africaine, jusqu’à ce recours répété et un peu un lourd, à la béquille scénaristique du psychologue pour faire comprendre la psychologie de l’héroïne pour les spectateurs du fond de la salle qui n’auraient pas bien suivi… et cette connotation de la modernité doit nous faire rire au point que l’on s’étonne de ne pas voir apparaitre sur l’écran un “riez !” aux moments opportuns comme sur un plateau de talk show…
Et puis très curieusement, subrepticement, le film construit un personnage d’avocate, dont les affaires rocambolesques ne nous concernent pas trop, mais qui finit par nous toucher par son ingénuité, par un destin qui finit par échapper aux lourdeurs du scénario, dans un espèce de flottement dans cet univers branché et “hilarant” que Victoria semble traverser sans le voir. Virginie Efira y est pour beaucoup par son jeu qui nous “décolle” de ce réel surconnoté, pour nous offrir une vraie dimension psychologique personnelle, qui aurait sans doute gagné en intensité dans une mise en scène plus épurée et un peu moins caricaturale de la femme de trente ans.
Flaubert disait “je suis Madame Bovary”, Virginie Efira peut-elle dire “Je suis Victoria” ?
Gérard Poitou
“Victoria” un film de Justine Triet 1 h 36
Avec Virginie Efira, Vincent Lacoste, Melvil Poupaud, Laurent Poitrenaud