Les éditions Marivole, sises à Romorantin ont eu la bonne idée d’éditer le manuscrit dans son jus des années 60 d’un auteur, aujourd’hui blanchi sous le clavier, un certain Jerry Josnes. Qui est-il ? Cherchez bien, il est en Loir-et-Cher si connu dans le coin qu’on l’a baptisé « l’idole de Josnes ». Depuis, cet auteur a remis (sous un autre nom) cent fois l’ouvrage sur le vieux métier. C’est un écrivain qui pratique avec talent le plus vieux métier du monde, depuis que l’homme sait tenir un crayon. En somme, l’auteur du polar a bouté l’écrivain du terroir de sa signature. Ou l’inverse…
Justement à propos d’idole, l’histoire se situe du temps où l’autre idole beuglait « Les portes du pénitencier » ou des trucs comme ça. D’ailleurs c’est dit dans la quatrième de couverture, « ce premier roman restitue toute une ambiance surannée…Les ordinateurs ressemblaient à des armoires blindées et on ne parlait même pas du minitel » La préhistoire en somme.
Donc, derrière Jerry Josnes se cache l’idole de Josnes et au fil des pages de ce polar matiné San Antonio -du sous-Dard mais du bon sous-Dard- vous apprendrez que derrière le garagiste se planque le gendarme. Certains diront que c’est du « sous-Dard » juste pour le calembourg, en tous cas la lecture régalera ceux-là qui ont fréquenté les Remington, les Simca 1000 et les paquets de Celtiques. D’autant que Jerry Jones a l’art de nous transporter rétro à coup de peintures réalistes, pittoresques et savoureuses.
En se rougissant le tarbouif au p’tit blanc
Tenez un extrait à propos du Chiquito, un nom de bistrot aussi pratiqué à l’époque que le Calumet, ou le Disque bleu,…«…Ce troquet est, de longue date, le quartier général des inconditionnels du tiercé et des biberonneurs de pastis. Les candidats milliardaires du dimanche matin y refont le monde avec les soiffards qui entretiennent leur couperose en se rougissant le tarbouif au p’tit blanc…La fumée ouateuse des Gauloises et Celtiques, dense à couper au couteau, embrumait la salle dont l’air était irrespirable. Une quinzaine de pochetrons s’y rinçait la glotte en blablatant à propos de la pluie et du beau temps, des portos qui colonisent nos usines et du paquet de pipes dont le prix ne cesse d’augmenter… ». Les personnages et la langue de « flic flaque » publié dans la collection “Les polars de terroir”, sont savoureux et fleuris à souhait, entre gendarmes, garagiste, belle-sœur accorte et voisine-corbac.
Le récit « argotte » à toutes les lignes ou presque, ce polar (et parfois du cochon) dresse le portrait d’une époque à la cambrousse, du temps des « Trente glorieuses » (que les moins de cinquante ans ne peuvent pas connaître), une époque bénie où nous replonge ce roman populaire et gendarmesque qui n’ambitionne pas de casser trois pattes à un poulet mais qui se lit sans honte, avec un franc sourire nostalgique aux commissures des lèvres.
Ch.B
- Flic flaque aux éditions Marivole, collection Les polars du terroir. 217 pages, 20€
- www.marivole.fr