Jacques Ferrier et Serge Grouard mardi à Paris.
Rehausser, transformer, embellir le centre d’Orléans; éviter que tout soit centré sur le cœur de ville ; tourner la cité, cette « belle endormie » du XIXe vers son fleuve qui la coupait en deux : tels sont quelques-uns des grands choix stratégiques et des réalisations de la mairie d’Orléans rappelés par Serge Grouard , député maire d’Orléans, lors d’une conférence de presse organisée mardi dans les locaux parisiens de Jacques Ferrier, architecte de la future Aréna dont la livraison est attendue, à tout le moins espérée, par la ville en 2016 sur le site de l’usine Famar et de l’hippodrome d’Orléans.
“Construire la ville dans la ville”
Serge Grouard : « Sur la partie Sud nous étions sans projet. Or nous avons une opportunité exceptionnelle. Nous avons un site fabuleux de quinze hectares en bord de Loire à portée de cœur de ville d’Orléans, à quelques encablures de la cathédrale point phare d’Orléans. Avec Famar on a risqué la fermeture sèche. Mais Famar reste toutefois sur Orléans et se regroupe sur La Source. Le désir d’implanter l’Aréna sur ce site est lié au souci de défendre le développement durable, d’arrêter le mitage, le champignonnage au milieu des champs et l’étalage ».
Et le député maire d’ajouter : « Construire la ville dans la ville peut susciter des oppositions mais l’Aréna s’inscrit dans l’histoire et la géographie des lieux. L’Aréna ne peut être ailleurs, elle est ici dans l’histoire et le respect de la Loire ».
“Le droit est le droit”
Avec Olivier Carré, adjoint à l’urbanisme.
Bien entendu, lors de cette conférence de presse, Serge Grouard revient sur le conflit qui l’oppose au ministère des sports : “Fin juillet 2012, j’ai appris que la subvention de quinze millions du Centre national pour le développement du sport était supprimée. C’est une funeste décision unilatérale du ministère. Le droit est le droit. Nous ne sommes pas dans une république bananière, il doit y avoir un principe de continuité des décisions de l’Etat quel que soit le gouvernement. “ Et le maire d’ajouter que la municipalité était “en mesure juridique”. A ce jour elle se trouve toujours en attente d’une réponse annoncée sur “un projet bouclé, déclaré d’intérêt national reconnu d’intérêt général.”
Un enjeu national et une “offre globale”
La maquette de l’Aréna d’Orléans.
Aujourd’hui l’Allemagne compte 18 Arena, l’Espagne 8, l’Italie 6. Seuls deux projets en France, celui de Dunkerque et d’Orléans ont le label (appellation contrôlée) Aréna. Serge Grouard : ” Nous n’avons pas, au sens international, de salle de 10 000 places en France. Si l’on veut obtenir de grandes manifestations il faut répondre aux fédérations qui demandent ce type de configuration. Pour le mondial de hand ball 2017 Orléans a été préretenu. Si l’Aréna n’est pas sortie de terre en 2017 la France, qui depuis des années n’investit plus, pourrait risquer de ne pas se voir confirmée pour ce mondial. “
Ce mardi, Serge Grouard tient aussi à rappeler que la Ville tient à proposer « une offre globale », que le label Zénith sera conservé en complémentarité de l’Aréna, équipement sportif et de loisirs qui aura aussi pour vocation d’accueillir de grandes manifestations économiques.
“Le projet se fera”
Côté chiffres, ils affichent également à Paris. Pour cette opération de partenariat public privé (PPP) sur 25 ans dont le pilote est Bouygues, l’enveloppe est de l’ordre de 110 millions d’euros. Serge Grouard : « En dix ans la ville d’Orléans a doublé sa capacité d’investissement, a réduit sa dette et n’a pas augmenté depuis 1996 son taux de fiscalité. Si l’on s’engage là-dessus c’est que c’est bordé. En tout cas la ville ne portera pas les quinze millions. Le projet se fera. Mais on ne reviendra pas sur l’équation financière générale concernant la part publique qui représente entre 50 et 60 %de l’enveloppe. Nous tenons au découpage un tiers Etat, un tiers autres collectivités, un tiers Ville d’Orléans. »
Jacques Ferrier: <L’Aréna, une nouvelle île déposée par la Loire”
“Cet équipement sportif et de loisirs entend redonner une diversité d’usage au centre ville. Réconcilier la ville avec ses grands paysages est son fleuve est l’enjeu du site. “ Et Jacques Ferrier de poursuivre : ” Nous avons voulu donner un sens une visibilité urbaine à ce quartier, lui offrir un centre de gravité qui va le raccrocher à la ville. Avec l’Aréna nous avons voulu créer un bâtiment qui appartienne au fleuve. Ce n’est pas un OVNI mais un projet déposé par la Loire, comme une nouvelle île.”
Et Jacques Ferrier de souligner que la proue de l’Aréna se tourne vers la cathédrale, que l’intelligence qu’entretient le bâtiment avec le site est aussi « sa façon de disparaître ». « Il faut apporter au paysage tout en étant furtif » résume enfin l’architecte pour parler de ce « bâtiment île » de 140 mètres de long sur 100 mètres de large qui sera escorté d’un jardin public, de parkings souterrains et d’une salle d’entraînement bloc polymiroirs .
Et la Zac des Carmes en prime
Vue du restaurant panoramique (c)DV Construction Jacques Ferrier Architectes-Populous
Derniers mots sobres et justes de l’auteur de cet édifice à facettes, construction à strates successives d’une grande dynamique visuelle, écriture architecturale évoquant minéralité porosité, avec balcon, café et bow window, batiment bas dont le point de plus haut culmine à 21 mètres : « Ce n’est pas un projet qui s’épuise au premier regard ».
Par ailleurs, Jacques Ferrier a remporté aussi en décembre le projet d’aménagement de la ZAC Carmes-Madeleine et va travailler sur un site de cinq hectares et demie. Un travail « passionnant » sur le site de l’hôpital Porte Madeleine qui accueillera notamment, en 2016, un nouveau pôle d’enseignement supérieur. Serge Grouard, enfin, au terme cette conférence de presse tient à saluer la “ vision conceptuelle “ de Jacques Ferrier ” qui fonctionne avec réussite au quotidien “.
Jean-Dominique Burtin.
Pour en savoir plus : « Orléans en 2025, l’expo », vaste exposition consacrée aux grands projets d’urbanisme que conduit actuellement la cité est à voir jusqu’au 10 février au Musée des Beaux-Arts d’Orléans.