“Tours et Orléans travaillent ensemble. Regardez la French tech Loire Valley”. Voilà pour la langue de bois et les poncifs que les deux villes rivales trimbalent depuis trente ans. Dans les années 80, les technocrates de la DATAR voyaient même apparaître à l’horizon 2020 une “métropole jardin” entre Tours et Orléans, avec Blois en trait d’union.
Tours
La vérité, c’est que les deux villes sensiblement de même importance démographique, se tirent toujours la bourre. Et cette fois, l’enjeu nouveau c’est le titre de “métropole” que Tours, qui n’a jamais digéré d’avoir perdu le titre de capitale régionale au profit d’Orléans, pourrait bien décrocher la première. Il faut dire qu’à Tours on ne se pose pas de question, les élus foncent tête baissée vers cette breloque qui n’apporte pas vraiment de “pouvoir”, mais un statut de “grande ville”. Du côté de Serge Babary (LR) et de son équipe, on se targue d’avoir l’appui de l’autre bord, à savoir celui de Jean-Patrick Gilles le député PS, catalogué frondeur, et celui plus “académique” mais encore plus influent de Marisol Touraine, la ministre de la Santé.
Un courrier du préfet
Tours se souvient s’être “fait avoir” il y a cinquante ans. Entendez, pour la désignation de la capitale régionale du Centre, le choix d’Orléans étant la résultante d’une vieille rivalité entre Michel Debré, l’ancien maire d’Amboise et père de la Constitution et Jean Royer, le défunt maire de Tours!
“Pour Tours-métropole” Tout est parti d’un courrier fin 2015 du préfet d’Indre-et-Loire à Philippe Briand président de Tours Plus (l’agglo). Le représentant de l’Etat y expliquait le mode d’emploi pour passer en métropole. Les autres communes de l’agglo (mise à part Saint-Pierre-des-Corps et sa maire communiste Marie-France Beaufils) se sont dites d’accord pour sauter la case communauté urbaine et aller directement à la Métropole.
Pas dans les clous
Orléans
Seulement voilà, à Orléans, on continue de constater que dans l’état actuel de la loi, pas plus Tours qu’Orléans ne rentre dans les clous pour décrocher le sésame de métropole. A l’image de Saint-Etienne, Toulon et Nançy, Tours postule au titre de métropole en se référant à la loi Maptam de 2014 qui stipule que des EPCI (Etablissement public de coopération intercommunale) situés au cœur d’une zone d’emplois de 400 000 habitants peuvent postuler s’ils affichent des atouts stratégiques. A ce stade, Tours fait valoir sa ligne TGV, son aéroport, son CHU (tout équipement dont Orléans est dénué comme par hasard). Et les élus de souligner aussi, tant à Tours qu’à Orléans, que les métropoles existantes se situent à la périphérie de l’hexagone et que le “centre” au sens large et géographique, est dégarni.
Tours ne remplit pas les conditions
Tours
Pour le préfet de la région Centre Nacer Meddah interrogé lors d’une rencontre avec la presse, “Tours ne remplit pas les conditions nécessaires” et à la capitale régionale, on estime qu’il faudrait une modification de la loi pour que Tours passe en métropole. Tours Plus l’agglo, envisage à marche forcée de se doter des compétences qui lui font défaut pour être métropole (PLU, voirie…). Il faut aller vite. Le conseil d’agglo délibérera le 2 mai, les 22 communes ensuite (Tours le 20 juin). Pour officialisation le 1er janvier 2017 sur décision de Matignon. Si la métropole est retoquée, l’agglo Tours Plus se contentera de devenir communauté urbaine.
Le hiatus législatif concerne le calendrier. Les nouvelles compétences auraient-elles du être déjà acquises au moment de la publication de la loi en 2014? Si c’est le cas le dossier de Tours-métropole tomberait à l’eau. D’autres ligériens rament dans le même sens du courant que Tours comme le sénateur de la Loire, l’ancien maire de Saint-Etienne Maurice Vincent (PS), qui a déposé un projet de loi pour supprimer les critères actuels, illisibles et inéquitables. Si cette loi est promulguée il suffirait d’une zone d’emplois de plus de 400 000 habitants et une agglo de plus de 250 000 habitants. C’est le cas d’Orléans et Tours. Les deux “capitales” régionales main dans la main? On peut toujours rêver!
Ch.B
Les pouvoirs des métropoles
Les nouvelles métropoles découlent de la loi Mapta de janvier 2014. Pour la première fois depuis la fondation des communautés urbaines en 1966, le Parlement a imposé en 2014 la création, par la loi, de nouvelles entités intercommunales. Il a décidé de la naissance de neuf métropoles dites de « droit commun » à Bordeaux, Grenoble, Lille, Nantes, Nice, Rennes, Rouen, Strasbourg et Toulouse.
Les métropoles exerceront des compétences renforcées par rapport aux intercommunalités classiques. Elles seront notamment compétentes en matière de schéma de cohérence territoriale, elles participeront à la gouvernance et à l’aménagement des gares situées sur le territoire métropolitain, et verront leurs compétences en matière de logement étendues : ainsi elles pourront se voir déléguer la responsabilité de la garantie du droit au logement opposable, et à ce titre gérer le contingent de logements préfectoral, ou encore la gestion de l’hébergement d’urgence.
Elles pourront également exercer par convention des compétences relevant en principe du département, comme la gestion du fonds de solidarité pour le logement, l’aide aux jeunes en difficulté.
La métropole assure la fonction d’autorité organisatrice d’une compétence qu’elle exerce sur son territoire. Elle définit les obligations de service au public et assure la gestion des services publics correspondants, ainsi que la planification et la coordination des interventions sur les réseaux concernés par l’exercice des compétences.
La conférence métropolitaine, une sorte de CESER, est présidée de droit par le président du conseil de la métropole et comprend les maires des communes membres. Elle est une instance de coordination entre la métropole et les communes membres, au sein de laquelle il peut être débattu de tous sujets d’intérêt métropolitain ou relatifs à l’harmonisation de l’action de ces collectivités.
Un conseil de développement réunit les représentants des milieux économiques, sociaux, culturels, éducatifs, scientifiques et associatifs de la métropole. Il s’organise librement. Il est consulté sur les principales orientations de la métropole, sur les documents de prospective et de planification et sur la conception et l’évaluation des politiques locales de promotion du développement durable du territoire.