Bonjour chers visiteurs,
Bienvenue en mon château, je suis le duc de Sully et je profite du temps que me laisse l’éternité pour vous y accueillir et vous en conter l’histoire… Mais d’abord permettez-moi de me présenter, je suis né Maximilien de Béthune, de confession protestante que je ne renierai jamais ! Très tôt, je deviens un proche du futur roi Henri IV, et si on l’appelle encore de votre temps “le bon roi”, j’y suis un peu pour quelque chose…
C’est ainsi qu’après cette période fort troublée des guerres de religion et de la guerre avec l’Espagne, non seulement je conseille au roi Henri de se convertir au catholicisme pour pacifier son royaume épuisé de tant d’années de guerre civile, mais lorsque le Roi me confie les finances du royaume, c’est à une véritable réforme fiscale que je m’attèle pour mettre de l’ordre dans les comptes de la France et surtout, comme vous le dites, “relancer l’économie”, avec comme devise « Labourage et pâturage sont les deux mamelles dont la France est alimentée, les vraies mines et trésors du Pérou ».
Adonc, le Roi me nomma bientôt au poste de Grand Maitre de l’Artillerie et à celui de Grand Voyer de France (vous diriez Ministre des Transports) ce qui me donna l’occasion d’entreprendre la construction des autoroutes de l’époque que sont les canaux, dont le premier n’est pas loin d’ici puisque c’est le canal de Briare qui relia la Loire à la Seine après quarante années de travaux…Mais revenons à mon château de Sully que je me plais à considérer comme le premier château de la Loire…
C’était une vieille place fortifiée dont la construction avait commencé dans les années 1100 pour contrôler le passage sur le pont de la Loire et c’est Philippe Auguste qui en fit construire la grosse tour en 1208. Je l’achète en 1602 à la famille de la Trémoille qui y avait accueilli Jeanne d’Arc en 1429, et comme vous pouvez le voir encore aujourd’hui c’est un cadre magnifique mais aussi très sûr avec ses remparts baignés par l’eau des douves alimentées par l’étang de Marcon.
C’est là que je pouvais vivre et travailler sereinement, même si les ennemis de ma confession pouvaient aussi être à l’intérieur, c’est ainsi que pouvez encore voir dans le château un vaisselier renaissance magnifiquement sculpté dans lequel je scellais ma vaisselle par crainte des empoisonneurs !
C’est aussi là que je mis en sureté mes trésors accumulés durant ces années (et oui, il n’était pas choquant de s’enrichir au service du Roi…) et c’est ainsi que ce château que vous visitez aujourd’hui restera la propriété de ma descendance jusqu’en l’an de grâce 1962, année où votre Conseil Général l’acquit pour le restaurer et vous en permettre la visite…
Et pour terminer cette présentation de ces lieux historiques, permettez-moi d’évoquer la venue d’un visiteur qu’il m’eut plu de rencontrer en la personne du grand Voltaire, apôtre de la tolérance religieuse et aussi auteur d’un poème épique de plus de deux cent pages à la gloire de mon Roi, “la Henriade”. Ainsi, Voltaire, exilé en 1716 par la volonté du jeune roi Louis XV, pour quelques vers séditieux, écrivit “Je suis par ordre du roi dans le plus aimable château et dans la meilleure compagnie du monde”, et c’est ici, dans la salle d’honneur du château, qu’il fit jouer la première de sa tragédie “Artémise”, qui n’eut par la suite aucun succès…
En vous souhaitant une profitable visite,
Maximilien de Béthune, duc de Sully, pair de France,
maréchal de France, prince souverain d’Henrichemont et de Boisbelle, baron puis marquis de Rosny, marquis de Nogent-le-Rotrou, comte de Muret et de Villebon et vicomte de Meaux
La Visite
La visite débute par la salle du tombeau qui abrite les ossements du duc de Sully et de son épouse, viennent ensuite la salle basse médiévale sans mobilier, qui donne accès par l’escalier d’honneur à la grandiose Salle d’honneur, entièrement dédiée à la gloire du duc avec des décors originaux, et l’impressionnante galerie de treize portraits ornant les murs de toute leur hauteur. La visite se poursuit par la Chambre du Roi magnifiquement décoré en style Louis XIV, en souvenir des deux jours que vint passer au château de Sully, en 1652, le jeune souverain en butte à la Fronde.
©Jean François Grossin
On accède alors à l’étage supérieur et un aérien chemin de ronde nous permet de découvrir l’exceptionnelle charpente du XIVième siècle qui couvre la partie centrale du château, avec des arches en forme de berceau brisé dans un parfait état de conservation.
On redescend ensuite vers le premier étage pour découvrir la chambre de Psyché dont les superbes tapisseries XVIIIième nous content l’histoire (voir Magcentre), très en vogue à l’époque, (tirée des Métamorphoses de l’auteur latin Apulée) de la rivale de Vénus et des épreuves qu’elle dut surmonter pour enfin retrouver l’amour de Cupidon.
Viennent ensuite plusieurs pièces richement dotées par le Mobilier National notamment, de meubles XIXième avant de terminer la visite par le Grand Salon, là où se trouve le vaisselier évoqué par le duc de Sully, dans un décor du XIXième, peint tout à la gloire du grand serviteur du roi Henri IV: le duc de Sully y est représenté en Vulcain forgeant les foudres que Zeus (Henri IV) pourra lancer sur ses ennemis, allégorie du Grand Maitre de l’Artillerie également symbolisé par des boulets enflammés.
Gérard Poitou
Château de Sully sur Loire 45600 Sully sur Loire 02 38 36 36 86, www.chateausully.fr
En juillet et août : ouvert tous les jours de 10h à 18h Visite guidée à 11h, 14h30 et 16h
Tarif normal 7 € réduit 3,50 € visite guidée 8 € réduit 4 €