Dans le cœur historique du festival de Sully sur Loire et du Loiret , à savoir la Salle des gardes du château de la cité, le récital donné dimanche matin par Aline Piboule, lauréate en 2014 du onzième Concours international de piano d’Orléans, force l’admiration.
Lors de ce concert commenté, Claude-Henry Joubert, compositeur et musicologue orléanais passionnant, présente avec humour et saveur, chaque pièces au programme.
Citant Liszt à propos de Chopin, il évoque ce “mélancolique attristement“. Quant à la Ballade n°1 de Frédéric, il en souligne “la coda lumineuse et déchirante”.
“C’est grâce à ces lignes que la vie mérite d’être vécue” dit-il encore à propos des variations de Gabriel Fauré, ces “onze variations sur le verbe aimer” poursuit-il.
De la Sonate de Dutilleux, enfin, il soulignera “l’éblouissant choral où le piano sonne comme l’orgue de Notre-Dame”. Plus avant, il parlera de ces instants “nimbés de tranquille tendresse comme une annonciation”, d’un “thème solitaire et glacé” ou de cette cette réjouissant incitation technique pour l’interprète , ” hésitation savoureuse du compositeur qui vous chatouille la paume”.
– Une pianiste à l’ardeur souveraine
Aline Piboule, avant tout, offre ce dimanche un programme d’une densité et d’une expressivité sur le fil résolument impressionnante.
Délivrant deux ballades de Chopin avec infiniment d’âme et cette folle petite pluie de ses doigts sur le clavier confié et réglé par François Bauer, Aline Piboule monte encore d’un cran sur le Thème et variations, de Fauré. Voici une interprétation céleste et un jeu qui se tient sur le qui-vive de l’œuvre. L’une et l’autre nous offrent un instant suspendu où, dans la profondeur des graves, il y a l’ombre de l’étoile comme une consolation, une lumière d’espérance.
Admirable est enfin la Sonate, cette œuvre de Dutilleux qu’illumine Aline Piboule, avec miroitements éblouissants et ardeur souveraine. Chaleureusement applaudie et ovationnée, la pianiste revient, “après ce programme en clair obscur”, donner en rappel le Clair de lune, de Debussy. Une pièce qu’elle interprète avec un son dont la beauté, pièce après pièce, est devenue familière. Ce Debussy, d’une pudeur ensoleillée et absolument émouvante, ne peut que faire accoster aux douces larmes.
Jean-Dominique Burtin.
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