Certes “Jimmy’s hall” n’est pas le meilleur film de Kenneth Loach, même que les mauvaises langues disent que si ce n’était pas Kenneth Loach (12 sélections et une palme d’or en 2006 pour “Le vent se lève”), le film n’aurait sans doute pas été sélectionné à Cannes… Bref, la critique est plutôt sévère pour ce film à la belle image qui reste pourtant, dans la veine de tous les films de l’auteur, ce genre docu-drame social et/ou historique que Kenneth Loach a marqué de son style inimitable.
Et tous les ingrédients sont là: l’histoire de ce révolté (Barry Ward) un peu inconscient , au destin brisé par sa double expulsion vers les Etats Unis, le conflit complexe avec l’Eglise dans une Irlande intrinsèquement catholique, et ces fractures sourdes qui traversent en profondeur la société irlandaise républicaine.
Alors même si ce film n’a pas la limpidité du “Vent se lève”, il nous montre sans manichéisme, comment la religion intervient dans son contrôle du corps social et nous rappelle que si l’Eglise n’aimait pas le swing, ce n’était pas que par gout musical…
Kenneth Loach (78 ans) a laissé entendre à Cannes que ce film était son dernier film, et la défaite de son héros idéaliste donne à ce film une dimension testamentaire qui n’est pas dénuée d’émotion quand on a tant apprécié l’œuvre de ce grand cinéaste.
Gérard Poitou
“Jimmy’s hall”, un film de Kenneth Loach avec Barry Ward et Simone Kirby 1H 49
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