Son art était touché par la grâce, sa présence était sans cesse teintée d’intimité, d’humilité. Son accueil chaleureux était chargé d’une fragilité confiante envers son interlocuteur et son visiteur. C’est avec une profonde émotion que le monde de la culture et des admirateurs d’une oeuvre pure et d’une vérité telle une offrande sans cesse renouvelée, ont appris le décès du vitrailliste orléanais Bernard Foucher, survenu ce lundi.
Bernard Foucher au Puellier. ©Gérard Poitou
Hommage au peintre, graveur, sculpteur, auteur de livres d’art
Exposition de Bernard Foucher au Puellier. ©Gérard Poitou
Né en 1944 à Orléans, peintre, graveur, sculpteur, auteur de vitraux et de livres d’art, cet homme a notamment réalisé de très nombreux ensembles en dalles de verre aux ateliers de l’abbaye de Fleury, à Saint-Benoit sur Loire (Loiret). Pour mémoire, c’est la découverte du livre Les vérités d’un fleuve, qui a conduit le père Laurent, curé de la paroisse de Notre-Dame-des-Foyers d’Orléans, à s’adresser à Bernard Foucher pour réaliser l’ensemble de vitraux dédié aux sept moines trappistes de Tibhirine, assassinés en Algérie en 1996. En décembre 2019, avec Images et lumières, le vitrail contemporain en France 2015-2019, exposition collective, le Centre International du Vitrail à Chartres lui rendit hommage.
Exposition de Bernard Foucher au Puellier. ©Gérard Poitou
Quelques temps auparavant, à l’occasion d’une grande rétrospective de l’artiste qui s’est tenue en l’été 2016 en la la collégiale Saint-Pierre-le Puellier d’Orléans, intitulée Entre lumière matière et transparence, Gérard Poitou écrivait dans Magcentre, dans un article intitulé La mystique de la lumière, que du vitrail à la tapisserie en passant par la peinture et la réalisation de livres originaux, Bernard Foucher nous montrait « l’incroyable capacité créative qui peut s’emparer de son esprit tout aussi bien à partir d’un tronc de poirier que d’un poème d’Hélène Cadou ».
« Un artiste épuré jusqu’à l’ascèse »
Évoquant les rencontres humaines de ce créateur avec les artisans d’art pour « transcender » sa propre pensée et atteindre la « plénitude de son expression artistique », Gérard Poitou écrivait encore avec respect et admiration : « Aux antipodes du stéréotype de la solitude de l’artiste maudit, l’atelier de Bernard Foucher est ouvert au monde, un monde qu’il ensemence de sa méditation intime, par la fulgurance de ses créations, une forme d’action de grâce pour la vie, où chacun verra le créateur à l’image de sa mystique personnelle. »
Bernard Foucher, à gauche, aux Artistes Orléanais. ©AO
Très affecté par la disparition de cet artiste complet est aussi Benoit Gayet , président de la société des Artistes Orléanais qui a rendu hommage à diverses reprises reprises, au fil des ans , à son oeuvre: « Ce fut pour nous une rencontre essentielle, une rencontre avec la création d’un homme d’une grande humanité et dont l’oeuvre était chargée d’humilité et de spiritualité. »
La ville d’Orléans « salue la mémoire d’un homme d’une très grande générosité artistique. Le Maire d’Orléans et tous les membre du Conseil municipal s’associent à la douleur de son épouse, Marie-Odile, de ses enfants, de ses petits-enfants et leur adressent leurs plus sincères condoléances ».
Abel Moittié, maire adjoint délégué à la culture et à la mémoire de la Ville d’Orléans, également président de l’association des Amis de Roger Toulouse, honore en ces termes la si belle présence de cet artiste aujourd’hui disparu : « L’Art perd un authentique Créateur, un Maître de la matière, de la lumière et de la transparence, un Artiste au style épuré jusqu’à l’ascèse. Orléans perd le murmure d’une voix, la pureté d’une conscience, le désir d’absolu d’un homme juste et rigoureux. Touchés au cœur, les Amis de Roger Toulouse perdent certes un administrateur, mais davantage encore, un repère, un sage, un compagnon d’une rare spiritualité. Bernard Foucher a trouvé le repos du corps et la paix de l’esprit. Libéré de l’obsession du temps, il est aujourd’hui dans cette lumière sacrée à laquelle il aspirait de toute son âme. »
Jean-Dominique Burtin
Les obsèques De Bernard Foucher seront célébrées le samedi 29 février, à 9h30, en l’église Notre-Dame des Foyers, à Orléans, là où il a réalisé les vitraux en hommage aux moines assassinés à Tibhirine.