Dr Jean Paul Briand
Depuis décembre 2019, une maladie respiratoire aiguë, particulièrement contagieuse et parfois mortelle, est apparue dans la ville chinoise de Wuhan puis s’est rapidement propagée dans toute la Chine. Ce coronavirus 2019-nCoV, désormais nommé Covid-19, ne correspond à aucun virus connu. Il se répand inexorablement dans le monde (https://www.gisaid.org/epiflu-applications/global-cases-betacov/) et nous apprenons peu à peu ses caractéristiques, ses différents modes de transmission, son agressivité.
Cette nouvelle maladie virale inquiète et déclenche des rumeurs aberrantes. Elles entraînent des comportements de rejets injustes et inadmissibles vis-à-vis de compatriotes ou de populations d’origines asiatiques (http://www.magcentre.fr/190019-le-racisme-anti-asiatique-na-pas-attendu-le-coronavirus/).
Après la phase de sidération où l’émotion l’emporte sur l’objectivité, nous entrons dans une période plus raisonnable mais qui risque d’être polluée par les intérêts politico-économiques. Ainsi, les autorités chinoises ont compris qu’en minimisant les chiffres et en déguisant les faits, elles perdaient de leur crédibilité.
Dans cette optique, Pékin a fait tomber quelques têtes et modifié sa politique sanitaire. Les dirigeants de Wuhan et du Hubei ont été limogés. Une nouvelle définition médicalement cohérente des cas d’infection a été décidée à la suite des travaux de l’étude de 1099 patients atteints (https://www.medrxiv.org/content/10.1101/2020.02.06.20020974v1). Les chiffres des personnes contaminées en Chine ont aussitôt explosé mais ne signifient pas pour autant que la situation sanitaire se soit nécessairement aggravée.
Au delà de la menace mortifère sur la santé publique mondiale, les conséquences économiques apparaissent :
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80% des principes actifs qui rentrent dans la fabrication pharmacologique en France et en Europe proviennent d’Asie. L’approvisionnement en médicaments va s’en ressentir.
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Le Mobile World Congress (MWC), congrès international de la téléphonie qui devait se tenir à Barcelone du 24 au 27 février 2020 est annulé à cause de l’épidémie de Covid-19.
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Les organisateurs des Jeux olympiques de Tokyo du 24 juillet au 9 août prochains sont inquiets pour leur tenue.
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Notre ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, a déclaré que l’épidémie de coronavirus pourrait amputer la croissance française en 2020 de 0,1 point.
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Pernod Ricard prévoit une baisse significative de ses performances économiques liée au covid-19.
Une tendance naturelle est de faire des comparaisons avec d’autres infections virales telles que la grippe. C’est déraisonnable et contreproductif car l’ampleur et la gravité des pandémies virales sont extrêmement variables (https://www.santepubliquefrance.fr/maladies-et-traumatismes/maladies-et-infections-respiratoires/grippe/articles/les-grippes-pandemiques). Sommes-nous devant une attaque virale telle que la grippe de 1918, dite « grippe espagnole » qui a fait 50 millions de morts, selon l’Institut Pasteur, et jusqu’à 100 millions selon d’autres évaluations (https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/11875246?dopt=Abstract). A contrario, alors que le premier décès vient d’être déclaré en France, serons-nous, en définitive, devant une infection virale aux conséquences minimes ?
Les virus ont des spécificités et des tendances à se modifier qui les distinguent les uns des autres. Ils développent des capacités qui parfois les rendent plus dangereux et plus contagieux. Le profil des personnes les plus touchées n’est pas toujours le même. Que se passera-t-il si le covid-19 se propage dans des pays aux systèmes de santé vulnérables comme en Afrique où un premier cas a été décelé. Quelles seront les conséquences dans un pays en surpopulation tel que l’Inde ?
A suivre…