Beau succès public pour cette deuxième saison des Soli proposée par le CDN d’Orléans. Le public orléanais apprécie visiblement cette proposition théâtrale originale qui offre sous la forme du monologue classique des créations qui par la simplicité de leur mise en scène prêtent autant à rire qu’à réfléchir, souveraine force du spectacle vivant.
Le Pas Grand Chose @Elisabeth Carecchio
Cette deuxième semaine des Soli est consacrée à la forme assez en vogue de la conférence théâtralisée, “seul en scène” entre humoriste et intervention politique que l’on aurait qualifiée en son temps “d’agit-prop”, ces Soli se dispersent dans différents lieux de la métropole orléanaise pour élargir le public touché, public invité à venir se restaurer entre les spectacles dans le hall du théâtre d’Orléans pour partager et échanger autour de grandes tables conviviales.
Après la Conférence sur rien de John Cage, nous avons suivi parmi les six conférences du programme, une des trois Conférences de Choses données par Pierre Mifsud où le plaisir n’était pas vain d’écouter cet humble bonimenteur à sac à dos, devant le “David et Goliath” du Musée des Beaux arts d’Orléans, nous interroger sur le vide qui serait rempli de rien, belle ouverture métaphysique sur l’œuvre de Descartes dont on ne saurait parler sans narrer la naissance extravagante de Catherine II de Suède, et par ce jeu de liens hypertextes verbalisés, découvrir le mythe de Phaéton, fils d’Apollon qui nous ouvre une explication sur la double articulation du langage si chère à Ferdinand de Saussure, la conférence s’interrompant de façon totalement aléatoire au moment où fut prononcé le nom de Lacan, puisque programmée pour durer très exactement 53 minutes et 33 secondes.
Plus scientifique (ou plus exactement scientifils puisqu’il semble que nous descendions tous de la science), le Pas Grand Chose de Johann Le Guillerm nous propose une série d’expériences grâce à une sorte de chariot paillasse de laboratoire qui va lui permettre d’appliquer le principe fondamental de la science: définir des lois naturelles à partir d’expériences reproductibles. Partant d’une réflexion sur le point, Johann Le Guillerm nous entraîne d’abord dans une observation graphique des chiffres qui me rappela mes lointains cours de maths modernes du collège, en ajoutant une fantaisie qui rapidement confine à l’humour. Entre géométrie non-euclidienne et observation du comportement de la banane ou de la nouille torsadée, la conférence explore avec un sérieux de pataphysicien bien des mystères du monde qui nous entoure avant de proposer une solution originale et totalement naturelle à la grave question de la mobilité, suivie une sortie de scène qui laisserait plus d’un mécanicien sans voix…
GP