« Minable manipulation, tentative de camoufler les résultats médiocres de la majorité ». Du PS au RN, l’opposition au grand complet est vent debout contre la décision du gouvernement de ne plus attribuer de couleur politique aux candidats sans étiquette dans les communes de moins de 9.000 habitants lors des municipales de mars. Ces hauts cris unanimes résultent de l’envoi par Christophe Castaner, ministre de l’Intérieur d’un courrier, daté du 7 janvier, au président de l’Association des maires ruraux, Vanick Berbérian, l’informant que les préfets n’attribueraient plus de nuance politique aux candidats dans les communes de moins de 9.000 habitants, pour les élections municipales de mars.
La mairie de Marchenoir
« Ce genre de minable manipulation doit être dénoncée ! On ne peut pas rayer de la carte les électeurs de 96% des communes françaises, même pour faire plaisir à Jupiter !! », s’est insurgée jeudi Marine Le Pen, la présidente du Rassemblement national, sur Twitter tout en déclarant lors de ses vœux qu’elle serait candidate pour la troisième fois à la présidentielle en 2022.
Même son de cloche du côté de Patrick Kanner, président du groupe socialiste au Sénat lors de ses vœux à la presse : « Cette décision est extrêmement préoccupante. Elle est là pour camoufler des résultats qui seront, je pense, médiocres, de LREM dans ces élections municipales. C’est inimaginable, c’est exécrable sur le plan de la démocratie, c’est dangereux sur le plan de la liberté d’expression et c’est considérer que 96% des communes qui représentent 50% du corps électoral peuvent échapper à un nuançage politique», « Nous n’allons pas laisser faire», a prévenu l’élu du Nord. Le nuançage consiste à attribuer une couleur politique aux candidats ayant déposé une liste « sans étiquette », par exemple « divers droite, divers gauche, centriste »… Une pratique contestée par nombre d’élus qui ne se retrouvent pas dans les nuances qui leur sont accolées. Il était jusqu’à présent pratiqué dans les communes de plus de 1.000 habitants
Même tonalité chez Valérie Boyer, députée LR des Bouches-du Rhône : « L’objectif de Macron et Castaner, c’est de priver les Français d’envoyer un message politique en faisant disparaître arbitrairement les tendances politiques. A chaque élection, Macron change les règles du jeu. Le nouveau monde aurait-il tellement peur des Français ?», demande-t-elle.Pour son collègue Olivier Marleix (Eure-et-Loir), « voilà ce qui préoccupe la macronie et son ministre de l’Intérieur: maquiller les résultats électoraux des villes de moins de 9.000 habitants, soit 96% des communes, 54% des électeurs. Elles seront privées des décomptes nationaux pour les municipales de 2020 ». Et il ajoute à son tweet le hachtag #democrature, condensé entre démocratie et dictature.
Pour le gouvernement une demande de beaucoup de maires
« Il n’y a aucune manipulation en aucune manière sur ce sujet-là », assure en retour la porte-parole du gouvernement Sibeth Ndiaye, en dénonçant « l’interprétation » qui est faite de la circulaire de Christophe Castaner. « Beaucoup de maires de petites villes réclamaient de ne pas se voir accolée une étiquette partisane parce qu’au niveau local, il y a beaucoup de listes de rassemblement où on panache des sensibilités politiques différentes », a-t-elle fait valoir.
F.C.