Cannes 1939: le palmarès

Certes il y eut quelques ratés pour cette séance de clôture du Festival de Cannes 39 ce samedi soir au Théâtre d’Orléans, mais après tout, n’était-ce pas le premier festival de Cannes ? Mais l’essentiel n’était pas là, et il y eut bien des temps forts lors de cet étonnant palmarès qui consistait à réparer une injustice de l’histoire en récompensant des œuvres dont tous les protagonistes ne sont plus que des noms sur des génériques plus ou moins désuets.

Le jury de Cannes 39 de gàd Julie Bertuccelli, Jérôme Prieur, Catherine Martin Zay, Amos Gitaï, Pascale Ferran, Hélène Mouchard-Zay, Howard Rodman

Et les lauréats furent:

Grand Prix Jean Zay: Mr Smith au Sénat (Frank Capra) USA
Prix d’interprétation féminine ex-aequo: Irene Dunne dans “Elle et Lui” (Love Affair) USA et Marina Ladynina dans “Les tractoristes” URSS
Prix d’interprétation masculine ex-aequo: James Stewart dans “Mr Smith au Sénat” USA et Harry Baur dans “L’homme du Niger” France
Prix du Jury: “L”enfer des anges” de Christian Jaque France
Prix du Scénario: “Mademoiselle et son bébé” (Bachelor Mother) Garson Kanin Grande Bretagne
Prix de l’innovation technique: “Le magicien d’Oz” Victor Fleming USA
Prix Mention Historique: “La grande solution” Hector Haas Tchécoslovaquie
Prix spécial Hors compétition: “Alexandre Newski” Sergei M. Eisenstein URSS

Le Jury Lycéen

Prix de la réalisation: “Pacific Express” Cecil B.deMille USA
Prix de l’œuvre dans son temps: “L’Enfer des Anges” Christian-Jaque France
Prix plaisir du Jury: “Le magicien d’Oz” Victor Feming USA

Les autres Prix

Prix Culture du Cœur: “Pacific Express” Cecil B.deMille USA

Grand Prix de l’Eloquence: Younès Boukalkha pour« La laïcité est-elle le fondement de l’intolérance ? »

Les films américains raflent donc la mise avec pas moins de sept récompenses et “Mr Smith au sénat” fait une belle unanimité des jurys. Il faut dire que ce film n’a pas pris une ride dans sa plaidoirie pour la démocratie, non seulement par le jeu plus que convaincant de James Stewart, mais aussi par les thèmes abordés de la corruption des politiques en passant par le rôle des médias ou la question de la représentation.

Pas de surprise donc, juste un étonnement pour ce “repêchage” du film de Sergei Eisenstein, “Alexandre Newski” justifié par le jury parce qu’écarté de la sélection soviétique au dernier moment, alors que ce film certes plastiquement magnifique, signe le retour en grâce du réalisateur après la destruction par la censure de son film “Le pré de Bejine”, retour en grâce obtenu contre ce panégyrique transparent du petit père des peuples Staline, dont la présence tutélaire ne semble plus perçue aujourd’hui dans ce film…

Stan McCoy USA / Leonid Kanichev Russie

Et puis bien des émotions comme la présence de Noël Véry, fils de Pierre Véry, le scénariste de “L’enfer des anges”, très heureux de cette distinction d’un film oublié après avoir été détourné par le régime de Vichy comme illustration de la misère sous le Front Populaire, distinction reçu la veille de l’anniversaire de son père… ou cette image du représentant des Etats Unis à coté du représentant de la Russie pour recevoir les prix d’interprétation féminine, tout un symbole du cinéma.

Un prix spécial du public

On ajoutera un prix spécial du public décerné aux organisateurs de ce festival, public qui a largement participé à un événement qui donnait tant à voir et à entendre autour de cette idée un peu folle de faire vivre à Orléans ce Festival oublié, où le cinéma et l’histoire s’entrecroisaient pour enrichir notre réflexion sur des thèmes aussi essentiels que la démocratie, la guerre, le colonialisme, mais aussi l’amour et la beauté du monde.

Et bien sûr, c’était dans toutes les conversations à la sortie de la salle: après le succès de Cannes 39, il faut maintenant trouver la suite pour ce Grand Prix Jean Zay, sous la forme d’un festival qu’il reste à inventer…

Une page de l’histoire d’Orléans s’est tournée ce samedi soir de festival !

GP

Commentaires

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  1. Pas grand chose à redire sur le Palmarès. Les films estampillés US étaient de loin les meilleurs, ce qui en dit long sur la lente glissade vers le bas du cinéma US, aujourd’hui laminé par les blockbusters qui déferlent sur les écrans des multiplex.
    “Alexandre Newski” n’est évidemment pas le meilleur d’Eisenstein, mais sa présence au Palmarès est plus politique que cinématographique.
    C’est bien qu’on retrouve “la Grande Solution”, j’aurais aimé y voir aussi “les Diamants noirs” projeté dimanche matin, un film magnifique sur la vie des mineurs en Silésie.

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