C’est dans la petite salle du premier étage de la librairie des Temps Modernes que s’est ouverte ce lundi soir cette nouvelle semaine des RAMI 2019, et si le lieu ne paye pas de mine, l’embarquement poétique fut immédiat avec un poème lu par son auteur Krzysztof Styczynski extrait du recueil collectif “Ripostes”
Krzysztof Styczynski cl Marie Line Bonneau
La nuit s’abattit sur nous quand le récitant entama sa révolte incantatoire, lecture entre chant et prière accompagné par l’improvisation au clavier (peut-être un peu forte pour le lieu), une nuit “aux réverbères des étoiles” qui effondre nos certitudes dans des images auxquelles seule la poésie peut encore nous ouvrir. Le texte devient souffle et musique, magie sonore pour nous envelopper de son injonction à le suivre, à l’entendre dans ce “carnaval de la nuit“. Pas de refuge dans cette nuit, pas d’échappatoire dans cette déflagration morale car “vous savez bien de quoi je parle“, brûlant de la braise des mots cette quête du “bonheur à tout prix” devenue danse macabre de “ces morts bien portants“.
Un texte intense, sans faille, qui nous laissa fourbu par son rythme et sa puissance évocatrice, une nuit de fulgurance poétique, instant devenu si rare, et si pour ce premier soir nous n’étions sans doute pas assez nombreux dans la petite salle des Temps Modernes, la semaine à venir vous offre sans aucun doute, bien d’autres occasions de prendre ce risque, cette audace que la poésie viendra combler de son étrange bonheur de nous rendre fragiles à nous mêmes.
Gérard Poitou