La cigarette électronique remboursée ?

Le tabac est un danger au coût sanitaire et social estimé pour la France à 120 milliards d’euros. Son usage fait prendre un risque mortel, néanmoins évitable. Un fumeur régulier sur deux meurt prématurément de son tabagisme. La nicotine du tabac est une substance addictive qui, après quelques semaines de consommation, fait du fumeur un esclave.

Par Jean-Paul Briand
Médecin retraité d’Orléans

Bien d’autres produits toxiques sont inhalés
lorsque l’on fume une cigarette

La nicotine agit d’une façon délétère sur les systèmes respiratoire et cardio-vasculaire. Par son action psycho-active sur le cerveau, elle est responsable de la dépendance physique au tabac. Pour augmenter cette dépendance et la consommation, les fabricants de cigarettes ajoutent des substances, telle que l’ammoniac, qui accélèrent l’absorption de la nicotine. Le questionnaire de Fagerströn permet d’évaluer la dépendance à cette substance. Elle agit aussi comme coupe-faim, a une action anxiolytique et procure du plaisir avec une sensation de détente et parfois une stimulation intellectuelle. Bien d’autres produits toxiques sont inhalés lorsque l’on fume une cigarette. « On y retrouve toujours la nicotine, les goudrons et les agents de saveur mais il en existe beaucoup d’autres, telles que des gaz toxiques (monoxyde de carbone, oxyde d’azote, acide cyanhydrique, ammoniac) et des métaux lourds (cadmium, plomb, chrome, mercure ».

Les traitements nicotiniques de substitution

Pour supprimer le « risque tabac », ce qui importe réellement, c’est le sevrage complet et sur le  long terme. Il faut 16 ans d’arrêt pour retrouver un risque de maladie cardiovasculaire du même niveau que celui de ceux qui n’ont jamais fumé. Souvent émailler de rechutes, le sevrage complet n’est généralement possible que par une aide médicamenteuse et un accompagnement de longue durée. Une réduction des risques par diminution de la consommation tabagique est plus facilement réalisable. Afin de diminuer sa quantité de cigarettes, le fumeur peut utiliser, en première intention, les traitements nicotiniques de substitution (TNS) qui ont un rapport bénéfice/risque favorable. Ils permettent d’atténuer les symptômes observés au cours du sevrage tabagique et de supprimer toutes les substances toxiques inhalées dans la combustion d’une cigarette. Les TNS sont disponibles sous plusieurs formes : timbres ou patchs (dispositifs trans-dermiques), gommes à mâcher, pastilles à sucer, comprimés sublinguaux, spray pour pulvérisation buccale.

Les « cigarettes électroniques », plébiscitées par les fumeurs

Depuis quelques années sont apparues les « cigarettes électroniques », nommées officiellement « SEAN » (système électroniques d’administration de nicotine) ou, pour les anglo-saxons, les « ENDS » (electronic nicotine delivery systems). Les SEAN sont des dispositifs qui chauffent un liquide pour créer un aérosol qui est inhalé par l’utilisateur. Le liquide contient de la nicotine (mais pas de tabac) et d’autres produits chimiques. Les « cigarettes électroniques », plébiscitées par les fumeurs, ont vu leur popularité grandir très vite, surtout auprès des jeunes qui malheureusement en détournent parfois dangereusement l’usage. Les « cigarettes électroniques » représentent le premier dispositif d’aide au sevrage en France (27 % des Français qui souhaitent arrêter de fumer y ont recours spontanément). Sans monoxyde de carbone et sans goudron, l’utilisation de « cigarettes électroniques » réduit les risques cardiaques, pulmonaires et cancérigènes, par rapport aux cigarettes. Malheureusement, en l’absence d’études probantes, la balance bénéfices/risques des « cigarettes électroniques », sur leurs effets à long terme, n’est pas tranchée. De ce fait, dans son rapport du 26 juillet 2019, en page 56, l’OMS considère que les SEAN ne sont pas inoffensifs, qu’ils ne peuvent pas être recommandés pour la consommation en toute sécurité et doivent être réglementés… Cette prudence est fâcheusement renforcée par la révélation du CDS américain (Centers for Disease Control and prevention) d’une mystérieuse maladie pulmonaire qui semble ne toucher que des utilisateurs et utilisatrices de cigarettes électronique

Les « cigarettes électroniques » devraient pouvoir être remboursées

En dépit des polémiques et des interrogations, devant les catastrophiques dégâts du tabagisme, la « cigarette électronique » reste un apport salutaire afin d’aider les fumeurs à sortir de leur esclavage tabagique et diminuer une grande partie des risques inhérents. Malgré son attentisme habituel vis à vis des innovations, la Haute Autorité de Santé (HAS) encourage timidement son utilisation.

Les professionnels de santé doivent pouvoir la recommander puisqu’un essai publié dans « The New England Journal of Medicine » du 14 février 2019 apporte une preuve d’efficacité des « cigarettes électroniques » comparées aux substituts nicotiniques. Dans la lutte contre les terribles méfaits du tabagisme, la hausse du prix des cigarettes ne peut plus être le principal levier. Comme certains substituts nicotiniques et accompagnées d’une réglementation plus stricte sur les produits adjuvants, les « cigarettes électroniques » devraient pouvoir être remboursées à 65 %, sur prescription médicale…

JPB   

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