Européennes 2019 (2) : et après le 26 mai, comment ça se passe ?

Les élections européennes se tiennent du 23 au 26 mai (tous les pays ne votant pas traditionnellement le dimanche). Au matin du 27 mai, 751 élus devront donc commencer à se préparer à investir leurs bureaux à Strasbourg et à Bruxelles pour 5 ans de mandat. Mais concrètement, comment vont se passer ces semaines de mise en place ? Plongée dans les premières semaines d’un eurodéputé.

Par Félix Henou

Une fois élu -ou réélu- le député va tout d’abord devoir se constituer une équipe de collaborateurs pour l’accompagner dans les méandres de l’institution, pour assurer son secrétariat, sa communication, le conseiller dans son travail législatif. Un député réélu peut en général compter sur une reconduction d’une partie de son équipe. Pour les nouveaux, il va falloir recruter. Ils vont en général faire confiance à de jeunes militants du parti, qui ont parfois servi de petites mains durant la campagne et avec qui ils ont pris l’habitude de collaborer. Ils peuvent aussi s’appuyer sur le vivier de collaborateurs de députés non réélus (en général de leur parti), qui ont l’avantage d’apporter leur expérience.

Le profil est souvent similaire, notamment chez les collaborateurs français : études de Droit ou de Sciences Po pour la grande majorité d’entre eux, même si des profils atypiques existent. En règle générale, un député constitue une équipe de deux assistants dits « accrédités », qui bénéficient d’un statut de contractuel des institutions, et obligatoirement domiciliés à Bruxelles et dédiés au travail parlementaire. Il y associe en général un ou deux assistants « locaux » qui font le lien avec sa circonscription et le parti national, et s’occupent de la permanence parlementaire, qui sont eux sous contrat de leur pays. C’est d’ailleurs le non respect de cette distinction qui a été reproché aux collaborateurs du FN/RN.

Le député va aussi devoir choisir de s’inscrire dans un groupe politique. Le choix en était usuellement quasiment automatique, un élu PS allant au groupe socialiste, un Europe-Ecologie chez les Verts, un LR au PPE (Chrétiens-démocrates). Cependant, les clivages politiques pouvant être sensiblement différents d’un pays à l’autre, ce découpage idéologique a des frontières parfois floues, les socialistes des pays du Nord étant de sensibilité beaucoup plus libérale que ceux du Sud, ou les Verts étant associés aux partis indépendantistes régionalistes, certains étant parfois très à droite.

La question va d’ailleurs se poser pour les députés LREM, qui logiquement devraient se tourner vers le groupe des Démocrates et libéraux (où siège le MoDem), historiquement formé autour des partis libéraux britannique et allemand, mais où il leur sera peut-être difficile de prendre le contrôle, ce qui explique leur volonté de créer un nouveau groupe. Pour cela, il leur faut réunir 25 députés (ce qui n’est pas un problème) provenant de 7 pays différents (ce qui peut être plus difficile). Siéger dans un groupe permet d’accéder à des postes à responsabilités et d’obtenir des rapports, ceux-ci étant répartis proportionnellement à la taille des groupes.

La première répartition au sein des groupes, après les postes internes au groupe lui-même (présidence, vice-présidences,…) est celle au sein des commissions parlementaires, certaines étant plus prestigieuses ou plus attirantes que d’autres. Ici encore, les meilleures places sont attribuées en fonction du poids respectif de chaque délégation nationale. Mais cela ne suffit pas : certains postes-clé ne peuvent être obtenus que sur le mérite et l’influence personnelle du député.

Ainsi, les postes de coordinateurs (sorte de porte-paroles des groupes politiques pour chaque commission parlementaire) : ils sont élus par leurs pairs dans chaque commission, et auront notamment la haute main sur l’attribution des rapports aux députés de leur groupe. Ce poste, méconnu et exigeant, est la chasse gardée des députés allemands, souvent expérimentés, alors que leurs homologues français s’attachent plus à obtenir des postes honorifiques de Vice-présidences de Commission qui n’ont que peu d’influence. C’ est d’ailleurs exemplaire des différence de stratégie d’influence à Bruxelles et du manque d’intérêt pour le Parlement européen des partis français, qui préfèrent recaser des noms déchus de la scène nationale que de réinvestir des députés travailleurs et expérimentés.

Une fois ces tractations entre et au sein des groupes politiques effectuées, les députés vont pouvoir siéger pour la première Session plénière inaugurale à Strasbourg et les premières réunions de commission, au mois de juillet, qui les verront officiellement devenir députés. Ils devront ensuite rapidement préparer les auditions des candidats aux postes de Commissaires européens, désignés par les Etats membres. Mais c’est une autre histoire…

F.H

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