L’ancien président du Conseil constitutionnel baptise un amphi au nom de l’ancienne ministre de la santé et défend la constitution créée par son père.
Jean-Louis Debré a su captiver la salle.
Jean-Louis Debré symbolise à lui seul tout un pan de « l’ancien monde » : représentant d’une « dynastie républicaine », cumulard entre la magistrature, la mairie d’Évreux, la députation, puis la présidence de l’Assemblée Nationale et enfin « sage » président du Conseil Constitutionnel. Cela pourrait faire de lui un exemple même de la carrière politique quasi éternelle portée par un nom, celui des Debré, depuis le médecin Robert, le politique Michel « père » de la constitution de la 5ème République jusqu’aux fils Jean-Louis, et Bernard. Mais cette image un peu caricaturale s’estompe depuis que Jean-Louis Debré a quitté la carrière active pour faire profession d’homme libre, sans tabous ni retenue de parole. Il est venu le montrer mardi soir à la Faculté de Droit d’Économie et de Gestion d’Orléans où, invité par le doyen Pierre Allorant, il a fait « son show » pour défendre l’œuvre de son père.
Simone Veil, « une lumière qui ne s’éteint pas »
L’hommage à Simone Veil.
Mais auparavant il est venu rentre hommage à Simone Veil. Dans a volonté de « lutter contre toutes les discriminations », la Faculté de Droit a décidé d’honorer celles qui ont fait notre histoire. C’est ainsi que le nom de la magistrate et ministre de la santé a été donné à un amphithéâtre tandis qu’un espace sera prochainement dédié à Jeanne Chauvin, première avocate -originaire de Jargeau- à plaider en France en 1901 avant que la salle des thèses prenne le nom de l’américaine Mary Parker Follett. « Dans ce monde confus a déclaré Jean Louis Debré il y a des personnalités qui comme Simone Veil marquent nos consciences. Elle nous dit face à la vague de racisme, de xénophobie et d’antisémitisme, ne vous laissez pas entraîner sur ces chemins de haine. C’est une femme qui a réveillé la France et une lumière qui ne s’éteint pas ». Un hommage partagé par le doyen Pierre Allorant pour qui Simone Veil est « l’éternelle rebelle contre toutes les lâchetés » et « la mère courage de notre génération ».
Le fils de Michel Debré avec Pierre Allorant doyen de la fac de Droit qui a animé la soirée, Jacques Martinet, un maire et Jean-Pierre Sueur, un sénateur.
Une constitution à défendre
Devant un parterre d’étudiants mais aussi d’élus dont trois maires d’Orléans -l’actuel Olivier Carré et les anciens Serge Grouard et Jean-Pierre Sueur- Jean-Louis Debré est venu jouer le rôle de « gardien du temple, à savoir la constitution de la 5ème république adoptée en 1958 à l’initiative de son père. Même s’il propose certaines améliorations l’ancien président du conseil constitutionnel valide toujours les principes de cette constitution qui depuis a été dévoyée. « On a tout fait explique-t-il pour bloquer le fonctionnement de la 5ème avec trop de modifications dont le quinquennat a été le premier déraillement et la plus belle connerie qu’on ait commise » avant le couplage des élections présidentielles et législatives, la session unique du Parlement et tant d’autres. Il dénonce aussi une autre « connerie absurde » : l’interdiction du cumul des mandats alors qu’il faut « une accroche locale aux députés sous peine de laisser le pouvoir à la technocratie ». Pas question pour lui de 6ème République, ni de RIC (Référendum d’initiative citoyenne) alors « qu’on vote déjà trop et trop souvent en France » et encore moins de proportionnelle « qui donnera le pouvoir aux partis politiques ».
Un show man ?
Pour lui la 6ème République « qui nous ramènera à la 4ème » est une « fausse bonne idée ». A l’inverse il admet quelques évolutions possibles : la réduction du nombre de parlementaires (« mais qu’on ne réalisera jamais »), la révision des procédures parlementaires, la remise en cause du Comité économique et social, etc. De tout cela Jean-Louis Debré parle avec aisance et brio. D’autant plus qu’il sait mettre une part de spectacle dans son cours de droit constitutionnel. Il raconte avec gourmandise ses relations au conseil constitutionnel avec Giscard d’Estaing et Chirac, deux « anciens » qu’il imite à perfection par la voix et les mimiques et avec qui il emmène la salle dans une séance de fou rire. Un vrai spectacle de stand up où JLD joue la vedette avec talent, passant d’une partie de ping pong avec Jean-Pierre Sueur à une séance de selfies avec des étudiantes groupies.
J.-J.T.