Lors de la session d’orientations budgétaires du Conseil départemental du Loiret, la question de l’accueil des mineurs non accompagnés (MNA) s’est de nouveau invitée. À ce jour, 400 d’entre eux ont été pris en charge par les services de la l’ASE (Aide sociale à l’enfance). 8 à 15 jeunes se présentent quotidiennement à Orléans, mais 80 % sont en réalité majeurs. Il faut plusieurs semaines pour déterminer leur âge réel. Le doute bénéficie toujours au jeune lui-même. Le coût pour la collectivité s’élève à 11,5 M€ pour 2018.
Bien sûr, il y a la présentation du plan jeunesse, « Agir pour les jeunes » par Gérard Malbo (lire ci-dessous). Mais il y a aussi une autre action pour la jeunesse que le Département du Loiret doit prendre en charge, bon gré, mal gré. Les mineurs non accompagnés – qu’on désigne d’un acronyme qui ferait presque penser à une compagnie d’assurance : MNA) sont de jeunes migrants cherchant asile en France, après une traversée de la Méditerrané qu’il n’est plus besoin de décrire. 8 à 15 jeunes par jour arrivent quotidiennement à « Châteaubriand », à Orléans-La Source, souvent bien informé de ce qu’ils doivent y subir : une « prise en charge », au cours de laquelle une douzaine de personnes est censée déterminée, à l’aide de critères précis et de discussions au sujet de leur parcours, leur âge réel. 80 % d’entre eux ne sont pas mineurs, mais majeurs. Les 20 % qui restent, 3 ou 4 par jour, le sont vraiment et bénéficieront d’une prise en charge par les services de l’ASE (Aide sociale à l’enfance) jusqu’à leurs 18 ans. Certains sont encore très jeunes (14 ou 15 ans), la plupart ont entre 17 et 18 ans. « Le département est dans l’obligation de les mettre à l’abri quand ils arrivent », précisent Marc Gaudet et Alexandrine Leclerc, respectivement président du Département et vice-présidente déléguée à l’enfance-jeunesse.
98 % des arrivées sont des garçons
Il faut environ 8 heures pour une évaluation. Mais elles ne se passent pas d’un seul coup d’un claquement de doigts. « Il faut environ trois semaines pour déterminer s’ils sont mineurs ou non » ajoute Alexandrine Leclerc. « Le prélèvement osseux (seule solution fiable pour savoir le plus précisément possible l’âge, Ndlr) n’est utilisé qu’en dernier recours, et pas systématiquement. Le doute profite au jeune » disent les textes législatifs français.
Les cinq premiers jours sont intégralement pris en charge par l’État pour 250 €, qui ensuite donne la patate chaude, si l’on peut le dire ainsi, aux Départements ; c’est ainsi depuis fin 2015 et le commencement de l’arrivée « massive » de mineurs non accompagnés – qu’on nommait au départ mineurs isolés, c’est-à-dire sans famille les accompagnant – sur le territoire français. Après l’Italie, c’est désormais essentiellement par l’Espagne que des Guinéens, Ivoiriens arrivent par centaines chaque jour. « Fin 2017, 1.000 jeunes étaient enregistrés dans le Loiret. Fin 2018, ils seront 1.200 » précise encore Alexandrine Leclerc. 98 % sont des garçons.
Plus de sorties sèches à 18 ans des services de la PMI
« On est coincés entre l’humain, et le pragmatisme », souffle Marc Gaudet, « on a demandé une rallonge budgétaire à l’État de 1,2 M€, portant au total l’aide de l’État à 5,7 M€. Mais au total pour le Loiret en 2018, le coût est de 11,5 M€ ». Pour l’Indre-et-Loire, ce chiffre explose : 18 M€. Pourquoi ? « Il y a le TGV », se hasarde Alexandrine Leclerc. Comment le paient-ils pour arriver jusqu’à Tours ? « Il ne paient pas… » répond-elle. Sur les 8 M€ de dépenses sociales supplémentaires pour le fonctionnement soumises au vote des « décisions modificatives » le 18 octobre, la moitié concernait une rallonge budgétaire concernant les « MNA ». Et la situation risque de ne pas s’améliorer avec le « Plan pauvreté », dont les collectivités attendent encore les garanties de compensations par l’État. « Ce plan demande qu’il n’y ait plus de sorties sèches de l’aide à l’enfance à 18 ans », explique Alexandrine Leclerc, « mais que l’accompagnement se prolonge de 18 à 21 ans ». Autant dire qu’on n’a pas fini d’en entendre parler…
F.Sabourin
Un plan « Agir pour les jeunes »

Gérard Malbo, le “monsieur jeune” du Conseil départemental du Loiret.
Les mineurs non accompagnés profiteront-ils du plan jeunesse lancé par le Département et présenté aux élus départementaux par le vice-président délégué à la jeunesse et aux sports Gérard Malbo ? C’est peu probable, et pourtant… Suite aux assises de la jeunesse en septembre 2016, l’idée a fait son chemin, comme on dit, et c’est désormais un plan jeunesse qui voit le jour dans le Loiret. Trois axes comme trois idées force pour ce plan : tenter de favoriser la réussite éducative des jeunes, en luttant contre le décrochage scolaire, favoriser les passerelles, favoriser l’orientation etc. Le deuxième axe concerne la citoyenneté. Des actions seront mises en œuvre pour encourager, valoriser et reconnaitre l’engagement citoyen des jeunes Loirétains. Visiter le Cercil (musée mémorial des enfants du Vel d’Hiv) d’Orléans par exemple ou le musée départemental de la résistance et de la déportation de Lorris. Enfin, il s’agira de venir en aide aux projets d’aménagements du quartier Madeleine, futur quartier étudiant du centre-ville d’Orléans.
Des appels à projets vont être lancés dans les semaines et mois à venir (« Appel à projet Collèges »), en lien avec les communes et les intercommunalités. « Des projets portés par les jeunes eux-mêmes, sans doublonner avec nos partenaires habituels », insiste Gérard Malbo, en présentant le plan « Agir pour les jeunes » jeudi 18 octobre face aux médias. Concrètement il prendra ensuite la forme d’un fond d’aide au bénéfice des collèges publics du Loiret, en finançant ces projets innovants ayant une portée collective à destination des collégiens. Ces projets pourront notamment s’appuyer sur les actions et animations proposées dans le Catalogue Collèges du Département du Loiret (diffusion en mars 2019). « D’un point de vue citoyenneté, on les perd au niveau collège », remarque Pauline Martin, maire de Meung-sur-Loire et vice-présidente du Loiret.
« L’idée a germé l’année dernière suite aux mouvements d’humeurs dans les collèges Rep et Rep + d’Orléans la Source » ajoute pour sa part Marc Gaudet président du Département, « reprochant le manque de moyens pour effectuer des sorties scolaires culturelles, citoyennes etc ». Certains élèves des collèges orléanais n’ont en effet jamais mis les pieds au Cercil par exemple, ce qui n’est pas un cas isolé car on connaît par ailleurs des collégiens du 11e arrondissement de Paris qui n’ont jamais mis les pieds au Louvre…