Saisissant, scintillant, émouvant et brillant concert, dimanche 17 juin, à la la salle de l’Institut d’Orléans en clôture de la saison des Matinées du piano proposé par Orléans Concours International. Prix contemporain 2017 du Concours international de piano Ferrucio Busoni, la jeune pianiste japonaise Madoka Fukami a soulevé l’admiration de quelque trois-cents mélomanes habitués à ce rendez-vous musical ponctuel et toujours synonyme de bonheur du jour.
À l’occasion d’un programme de haut vol, véritable enchantement de pièces d’une densité pleine de pudeur d’effets et qui conjugue impressionnante énergie comme diaphane délicatesse du toucher et du perlé stellaire, Madoka Fukami, souriante et visiblement ravie de se livrer à l’instant audacieux du concert, stupéfie chacun avec une fluide virtuosité.
Avec une grave et sombre profondeur dans Busoni, un jeu jeu incisif sur Philippe Leroux, une vélocité sonore ourlant les élans de Debussy, une délicatesse à ciseler le verbe multicolore de Beethoven, une magnifique éloquence dans les Élégies de Busoni dont la quatrième nous ravit notamment avec son allusion à la ballade de Greensleeves, cette artiste nous enchante.
Remarquable de drame et de pureté est encore son interprétation de Après une lecture de Dante, de Liszt. Les assauts du claviers sont ici d’un toucher à la fois abyssal et qui ne tient qu’à une souffle de toute pureté. C’est minimaliste. Indicible. Et puis voici, pour finir, trois Esquisses japonaises de Philippe Hersant, puis la gracieuse comme tourbillonnante études de Liszt, La Campanella. Ravissante d’entrain consommé.

Madoka Fukami et Isabella Vasilotta
Devant l’enthousiasme du public, cette belle artiste inépuisable et confondante de générostié éloquente, répond aussitôt aux marques des applaudissements et se lance, avec une prodégieuse énergie, dans, donné en bis, le quatrième mouvement de la première Sonate de Ginastera. Incroyable !
Ce dimanche 17 juin, venant à la rencontre du public à l’issue d’un récital d’une folle cohérence épanouie, Madoka Fukami parle volontiers et tout simplement , en réponse à qui veut l’entendre, de son amour de la couleur, de l’atmosphère, et de la beauté de ces œuvres qui l’impressionnent telles des poèmes qui ne disent pas tout mais qui l’inspirent. À chaque instant le flux de l’interprétation de cette artiste relève d’une veine minimaliste et intense, et d’une beauté radieuse d’un art à la maîtrise stupéfiante qui coupe le souffle. Comme un radieux coup de cœur.
Jean-Dominique Burtin
On ne sait ce qui est le plus admirable : le brillantissime récital de la pianiste ou le compte rendu délirant de JDB !
Chapeau les artistes !