Le député euralien centriste Philippe Vigier va-t-il rejoindre le huitième groupe en cours de constitution à l’Assemblée nationale ? Son nom circule avec insistance dans les couloirs du palais Bourbon. Entre 15 et 30 députés radicaux, de La République En Marche, socialistes, centristes, non-inscrits envisagent de créer un huitième groupe à l’Assemblée nationale. Les tractations sont en cours mais le positionnement et la ligne politique restent encore à définir sinon flou.
C’est le vote en première lecture de la loi « Asile et immigration » qui en a relancé l’idée. A cette occasion des dissensions sont apparues au sein de la majorité dans laquelle certains se sentent étouffer. Le député des Bouches-du-Rhône, François-Michel Lambert, un ancien Vert qui a rejoint En Marche n’y va pas par quatre chemins : « Il y a quelques dizaines de députés qui se voient très régulièrement, qui sont très structurés, qui ont leur propre vision, leur propre agenda et qui arrivent à peser. Quand j’ai demandé que la voix de l’écologie progressiste puisse s’organiser, on m’a expliqué que ce n’était pas possible. Le débat est tronqué et faussé ». Pas encore des frondeurs juste une envie d’enrayer un blues qui commence à planer sur le palais Bourbon et en particulier chez LREM.
Un positionnement très flou
Philippe Vigier
Si, selon plusieurs sources, la composition de ce huitième groupe se précise sa ligne a du mal à se définir. Cela vient en partie de sa composition. Il comprendrait entre autres des centristes tels Philippe Vigier, ancien président du groupe UDI de l’Assemblée nationale, Charles de Courson et Bertrand Pancher, quatre radicaux non-inscrits dont l’ancienne ministre Sylvia Pinel, trois députés nationalistes corses, Michel Castellani, Paul-André Colombani et Jean-Félix Acquaviva, l’ancien candidat à la présidentielle Jean Lassalle et le Rochelais Olivier Falorni tous deux non-inscrits. A cela il faut ajouter quelques REM dont François-Michel Lambert et Paul Molac. Difficile dans ces conditions d’obtenir une unité de vue. « Nous souhaitons un groupe qui soutienne le gouvernement quand il l’estime nécessaire, mais qui refuse de dire tout ce qui vient de la majorité est forcément bon ». Pour d’autres, pour ceux qui quitteraient la Nouvelle gauche, « ce groupe sera un groupe d’opposition ou ne sera pas ».
Autre grand point de crispation qui s’apparente à un positionnement idéologique, celui des prisonniers « politiques ». Les députés Corses réclament au minimum un transfert des détenus tel Yvan Colona dans l’île. Le problème n’est donc pas de créer un groupe mais à l’évidence de trouver une ligne de cohérence. Cette création avait été envisagé en début de législature mais avait été abandonné faute de consensus et en raison, semble-t-il, de la présence envisagée de Manuel Valls.
Groupe fourre-tout
« C’est un groupe fourre-tout » ironise-t-on à LREM où l’on ne s’inquiète pas : ils ne seraient que 3 députés sur 312 à quitter le groupe de la majorité. De son côté Jean-Christophe Lagarde, président de l’UDI s’est moqué de ce « rassemblement d’aigris qui ne fait pas une ligne politique. J’ai du mal à trouver des liens entre Charles de Courson et des nationalistes corses ».
F.C.