Il se veut la future “rock star” de la droite républicaine. Manque de chance pour Laurent Wauquiez, les deux derniers jours de sa campagne seront parasités par la mort du grand chanteur. Jusqu’à dimanche au minimum, le favori de l’élection à la tête de LR risque de “chanter” dans le vide. Lorsqu’il a pris la parole mardi soir à Châteauneuf-sur-Loire, (Loiret) Johnny agonisait près de Paris. Laurent Wauquiez lui, poursuivait son opération résurrection de LR comme lors des 70 réunions tenues dans toute la France.
Près de 300 personnes pour entendre Laurent Wauquiez.
Pourquoi en pleine campagne à Châteauneuf-sur-Loire demandait-on à Jean-Pierre Door? “parce que c’est à mi-chemin entre Orléans, Montargis et Gien”. Et puis, ajoutait le président LR du Loiret dans son mot de bienvenu, “à nous de contourner les médias, les bobos parisiens“. Cette droite que Laurent Wauquiez veut incarner, c’est la droite campée sur ses vraies valeurs.“Pas la droite des techniciens au petit pied”, la droite molle comme la qualifie Wauquiez.
Peltier le “turbulent”
A son arrivée, Laurent Wauquiez accueilli par Florence Galzin la mire de Châteauneuf et Jean-Pierre Door.
“Nous l’avons beaucoup abîmé” dit Jean-Pierre Door de son camp, “mais nous ne sommes pas mort”. La droite tradi, la France rurale, ses racines chrétiennes, rien qui ne peut choquer Guillaume Peltier le député “turbulent” comme le qualifie Laurent Wauquiez, venu en voisin du Loir et Cher: “nous sommes une République laïque de tradition chrétienne et nous en sommes fiers”, a dit Guillaume Peltier qui avait convié Laurent Wauquiez à sa Fête de la Violette cet été. A son tour Valérie Boyer, la députée des Bouches-du-Rhône en remet volontiers une couche sur l’affaire des santons que chez elle à Marseille on installe sans problème au nom de la culture locale. “Etre laïque ce n’est pas être amnésique”., lance t-elle.
L’absence de Serge Grouard
Valérie Boyer, députée des Bouches-du-Rhône.
Sur la photo de la famille LR recomposée, ne manque que Serge Grouard, l’ancien député-maire d’Orléans, dont Patrick Stéphanini confirme dans son livre-confession la proximité avec l’équipe de François Fillon. “Il devait avoir des choses importantes à faire“, commente sobrement en aparté Jean-Pierre Door. Claude de Ganay et Jean-Noël Cardoux, deux autres parlementaires LR, sont excusés. Même Eric Doligé, l’ancien sénateur pourtant dégagé de toute ambition et qui ne brigue pas, lui, une place aux Européennes, a fait le déplacement…
Guillaume Peltier.
Cachez cette métropole d’Orléans que je ne saurais voir, pour Laurent Wauquiez qui y est venu si souvent, notamment à l’invitation de Marianne Dubois, une de ses fans, aux premières loges mardi, le Loiret ressemble à la Haute-Loire, “les montagnes et la neige en moins”…
Une fois le rassemblement bien mis en scène, Laurent Wauquiez, à l’aise, en costume sans cravate, parle sans note devant son épouse qu’il présente, mine de rien à son public, et commence à entrer dans le dur. “Ici dans le Loiret, on sait ceux qui nous ont trahi…les Constructifs, c’est dehors, bon débarras, et ils ne remettront plus les pieds dans notre famille politique”. Ovation. Les Constructifs ont remplacé Bayrou rayon tête de turc dans les discours de LR. Les oreilles doivent siffler du côté d’Orléans et d’Olivet. “J’aime retrouver un département qui a gardé ses racines rurales“, et Wauquiez le lettré de citer Péguy.
Contre la “mégapole parisienne”
L’attaque t-on là- bas dans la “mégapole parisienne”, lui Laurent Wauquiez reste “debout dans la mitraille”: “Vous avez vu la hargne avec laquelle ils s’acharnent contre nous, la violence avec laquelle certains cherchent à m’attaquer”. Face à la tempête qui a soufflé lors des affaires Fillon, et qu’il soupçonne encore d’avoir été montées de toutes pièces par une cellule noire de l’Elysée même s’il n’emploie pas le mot, Laurent Wauquiez se risque à la comparaison gaullienne, “chez nous on ne démissionne pas. Même quand tout espoir semble perdu…”. A ces électeurs de droite perdus dont certains sont allés s’égarer chez Marine Le Pen, il sonne le clairon de la contre-attaque: “nous allons reprendre le drapeau qui est tombé et revenir vers la victoire”.
Ce Président “si parisien”
“Je suis à droite je suis sympathique, mais je suis vraiment à droite.”. Et il le prouve derechef. Comme avec l’exemple de ce gendarme qui arrête un délinquant et au terme de l’interrogatoire, “lequel sera le premier chez lui le soir? “demande t-il.
Partis des “territoire perdu” et “des classes moyennes”, Les Républicains nouveaux de Laurent Wauquiez s’attaquent à “ce président si Parisien et ce gouvernement si parisien”. La “province” contre Paris et les métropoles, ça se confirme. Un Edouard Philippe qui ne doit plus être de droite puisqu’il “augmente l’impôt à travers la CSG”. Autre angle d’attaque contre Emmanuel Macron, le terrorisme qui soulève un tonnerre d’applaudissement, “on ne traite pas ces djihadistes français au cas par cas, ils restent en Syrie ou en Irak”.
Santons sous la mitraille
A la rencontre des jeunes LR du Loiret.
Interrogé à l’issue de la réunion par un journaliste sur la “provocation” des santons installés au conseil régional Auvergne Rhône-Alpes, Laurent Wauquiez a répondu: “…Le débat sur la laïcité ce serait de savoir si l’on peut installer une exposition d’artisanat sur les santons! Il y a d’autres sujets à se poser dans notre pays. D’autres questions me semble plus importantes. Vous ne posez pas de question sur les salafistes,sur les prières de rue, sur ces femmes obligées de porter des signes religieux alors qu’elle voudraient pouvoir marcher le visage découvert. Votre question est révélatrice de l’errance dans lequel notre débat est tombé.”
Ch.B
– Trois candidats sont en lice pour ce élections à la présidence de LR, (1er tour samedi et dimanche), Laurent Wauquiez, Florence Portelli et Maël de Calan. Dans le Loiret ils sont 1 260 inscrits à jour de cotisation, sur les listes électorales. Ils pourront voter par internet mais aussi dans les bureaux installés dans les sections, à Orléans, Montargis, Sully, Pithiviers, Gien…