A six semaines du centième congrès de l’Association des Maires de France (AMF) qu’il préside , le maire de Troyes , François Baroin, publie Une histoire de France par les villes et les villages, récit d’un tour de l’Hexagone avec une escale par département. Ce disciple de Jacques Chirac s’en est allé à la rencontre des histoires locales, petites ou grandes, parfois tombées dans l’oubli, qui ont contribué à structurer nos territoires et notre culture .
Dans le Loiret c’est la rumeur d’Orléans qui a retenu son attention, dans l’Essonne il a découvert à Corbeil pour quoi le nom de cette ville a donné naissance au mot corbillard. Ces deux exemples parmi cent autres montrent la diversité de notre pays et de ses territoires. Lorsque nous l’avons rencontré, François Baroin nous a expliqué qu’il travaillait à cet ouvrage depuis plusieurs années et que celui-ci arrivait à l’étal des libraires maintenant parce qu’il était « enfin prêt ». Loin de nous l’envie de remettre sa parole en doute, il n’empêche que ce recueil tombe à pic comme une piqûre de rappel alors que, de tous bords, les collectivités territoriales donnent de la voix contre un exécutif qui tarde à prendre la mesure de la bronca qui couve et qu’il essaie tant bien que mal de déminer.
Interview
Magcentre : D’où vient cette fronde qui se manifeste à tous les étages des collectivités locales ?
François Baroin : L’été a été meurtrier pour les collectivités territoriales. En campagne, Emmanuel Macron nous avait annoncé 10 milliards d’économies. Dès la Conférence des territoires en juillet, à peine élu il nous en demande 13 ! Puis le gouvernement gèle les crédits destinés au développement des territoires ruraux suivis de la suppression de la réserve parlementaire qui permettait de financer ou de contribuer à des petits mais indispensables projets des communes. Arrive ensuite la suppression des emplois aidés…. La coupe est pleine.
Magcentre: Les finances de la France sont dans un tel état que si la droite était arrivée au pouvoir elle aurait sans doute procédé de la même manière ?
François Baroin : Ce n’est pas parce qu’on est de droite qu’on doit porter l’insensibilité sociale en bandoulière. En ce qui concerne le projet que portait François Fillon pendant la campagne présidentielle j’avais marqué ma différence pour ce qui concernait les collectivités locales.Pour l’heure il ne s’agit pas d’un débat droite gauche.Nous sommes face à un budget d’inspiration purement comptable.
Magcentre: À Orléans, les présidents de Région ont claqué la porte de la conférence des territoires, les maires pourraient-ils faire de même lors de leur congrès de 21 au 23 novembre ?
François Baroin : L’AMF ne le souhaite pas. Nous pensons qu’il vaut mieux avancer ensemble. Mais et mon livre en montre l’importance, plus de 51 % des Français vivent dans des communes de moins de 10.000 habitants, plus de 36 % dans des villes de moins de 2.500 habitants. Il y a autant d’habitants dans les communes de moins de 2.000 habitants que dans les 12 métropoles françaises. Certes il faut une capitale et des métropoles puissantes mais elles ne peuvent se passer de territoires équilibrés et tirés vers le haut.Personne ne conteste qu’il faille faire des efforts mais demander plus aux communes c’est prendre le risque d’une augmentation de la fiscalité locale. C’est un choix politique et dans ce cas la responsabilité sera du côté de l’État.
Magcentre : En juillet , Emmanuel Macron proposait aux collectivités locales « un pacte girondin ». Est-il toujours en train de s’écrire ?
François Baroin: Un tel pacte s’écrit à deux. État et collectivités locales. Or il nous arrive des mesures venues d’en haut et toutes dans le même sens. Le chef de l’État doit rectifier le tir.
Propos recueillis par F.C.
Une histoire de villes et villages
François Baroin. Albin Michel 450 pages. 22 euros.