Un millier de sympathisants et militants de Les Républicains tendance droite forte s’est rassemblé à Souvigny-en-Sologne (Loir-et-Cher) à l’invitation du député Guillaume Peltier. Invité d’honneur : Laurent Wauquiez, qui s’affiche en héritier de la droite sarkozyste et brigue la présidence de L.R en décembre prochain.
Laurent Wauquiez sur le stand des militants syndicaux étudiants de l’UNI.
En automne, il n’y a pas que les champignons qui poussent en Sologne. Les violettes aussi. À Souvigny-en-Sologne (41), sur les terres du député et conseiller régional L.R. Guillaume Peltier, la 4e Fête de la violette est ressortie des pots de fleurs, après deux années de jachère, primaires de la droite et présidentielle oblige. Un millier de militants et sympathisants – pas tous de première jeunesse – ont déboulé dans la ferme équestre de la Maisonnette, chez « Manue et Stéphanie », pour assister au changement d’héritier du sarkozysme.
“L’intelligence de la main”
(de g. à d.) Daniel Fasquelle, Guillaume Peltier, Laurent Wauquiez, Gil Avérous.
Invité d’honneur : le président de la Région Auvergne-Rhône-Alpes et ex-maire du Puy-en-Velay Laurent Wauquiez. L’ex-ministre du quinquennat Sarkozy brigue la présidence des Républicains, en décembre prochain. Il a reçu, le 30 septembre en Sologne au cours de cette Fête de la violette, le soutien du député local Guillaume Peltier. Ce dernier estime que « la droite a perdu parce qu’elle s’est perdue. Elle a oublié ses valeurs. Nous devons tout reconstruire, la droite doit redevenir audible et crédible ». L’ex-maire de Neung-sur-Beuvron (41), qui a dû laisser son siège à Édith Bresson pour cause de non-cumul des mandats (il est aussi conseiller régional Centre-Val de Loire), a offert sur un plateau la « ruralité » chère à son cœur et dont les grandes préoccupations ont été passées sur le grill à Souvigny. Ce bon sens paysan que le néo-rural résume d’une formule ciselée dont il a le secret : « L’intelligence de la main vaut autant que l’intelligence de l’esprit ».
Laurent Wauquiez, sur la paille.
À la tribune, après le maire de Châteauroux Gil Avérous, et le député du Pas-de-Calais Daniel Fasquelle, Laurent Wauquiez s’est posé en « rassembleur ». Après avoir égratigné « les traitres, ceux qui se vendent pour un plat de lentilles » (du Puy ?), le président d’Auvergne-Rhône-Alpes s’en est pris à Emmanuel Macron : « C’est un vide. Son seul projet, c’était lui ». Le souhait de cette droite forte (rebaptisée par Guillaume Peltier « Les Populaires », un nouveau mouvement au sein de L.R pour tenter de désembourgeoiser la droite et reconquérir les classes « moyennes ») est bien de reprendre un peu de terrain à l’opposition de Jean-Luc Mélenchon : « Nous sommes déterminés à troubler ce petit jeu » dit-il. « Je souhaite remettre la France la tête à l’endroit : je suis candidat à la tête des Républicains ». Ovation du public.
Sur des terres solognotes très rurales qui aiment souvent fricoter avec le Front National aux élections, la reconquête des « classes moyennes » est-il un discours qui peut porter ? Si l’on considère le terme lui-même, pas sûr : les classes moyennes sont depuis longtemps diluées soit dans les classes aisées – pour ceux qui ont eu l’opportunité de les rejoindre – soit elles sont descendues d’un cran par le déclassement économique et social dont elles sont victimes depuis deux décennies. « Les classes moyennes : trop riches pour être pauvres ; trop pauvres pour être riches » disait Nicolas Sarkozy comme l’a rappelé le maire de Châteauroux Gil Avérous. Une acception plus tout à fait vraie aujourd’hui.
“Il est jeune, il a la pêche, je l’aime bien !”
Laurent Wauquiez a pourtant sorti l’arsenal pour convaincre les ruraux qu’ils en étaient : « Notre devoir c’est de dire la vérité : nous vivons le déclin des classes moyennes, l’oubli de la France périphérique. La vraie vision du social, c’est celle qui donne la voix aux classes moyennes. Les retraités n’ont pas volé leurs retraites, ils l’ont accumulé par le fruit de leur travail ». Reprenant la « valeur cardinale du mérite », il a – entre autres – mis en avant les « bourses au mérite » instaurées dans sa région, et exalté la valeur travail des « artisans, agriculteurs, commerçants, entrepreneurs ».
« Il est jeune, il a la pêche. Il aide beaucoup dans sa région. Les bourses au mérite, c’est une très bonne idée. Je l’aime bien », témoignera à l’issue du meeting Jean-Jacques, Clermontois venu exprès applaudir son champion. « Sur la sécurité il a une parole forte et claire : il faut enfermer les individus dangereux proches des milieux terroristes ! Ça n’est pas normal qu’à chaque attentant on apprenne que les terroristes étaient connus des services de renseignements mais couraient libres dans la nature ! » s’emporte Marie-Lise, Solognote de Lamotte-Beuvron.
Sans retrouver la ferveur de juillet 2015 – date de la dernière Fête de la violette – électrisée par la présence de Nicolas Sarkozy (et un bel orage après une chaleur étouffante…), cette Fête de la violette cru 2017 marque le début pour Laurent Wauquiez et ses soutiens – dont Guillaume Peltier et Gil Avérous – d’un héritage assumé, revendiqué même, de l’ex-Chef de l’État. Il ne devrait pas être le seul à briguer la tête du parti de la « reconquête »…
F.Sabourin.
Du beau monde à la Fête de la violette !
Laurent Wauquiez et Serge Grouard.
Proximité d’Orléans oblige, on a aperçu quelques élus orléanais dans la foule : les députés Claude de Ganay et Marianne Dubois. Le sénateur Jean-Noël Cardoux tout juste réélu. L’adjoint au maire d’Orléans Olivier Geffroy. Mais aussi l’ex député Serge Grouard (pour écrire le programme de Laurent Wauquiez ?). Côté Loir-et-Cher, on notera la présence de Pascal Bioulac, en voisin (conseiller départemental, maire de Lamotte-Beuvron et président du SDIS), Christina Brown et Jacques Marier (conseillers départementaux). Les ex-candidats aux législatives de juin dernier Damien Hénault et Franck Prêtre. Côté Indre, outre Gil Avérous, maire de Châteauroux, on notait la présence de Nicolas Forissier, maire de la Châtre et conseiller régional. Brigitte Barèges, maire L.R. de Montauban et conseillère départementale de Tarn-et-Garonne avait aussi fait le déplacement. Daniel Fasquelle, député du Pas-de-Calais et aussi candidat à la direction de L.R.
Guillaume-Cyrano de BergeracUn peu moins lyrique qu’à l’accoutumée, Guillaume Peltier n’a cependant pas oublié ses références à la littérature française dans son discours. Après Victor Hugo (« Je voudrais n’être pas Français, pour pouvoir dire que je te choisis, France »), c’est l’incontournable Cyrano de Bergerac et la tirade des « non merci » (Acte 2, scène VIII) qui est venu clore son discours champêtre : « Dédier, comme tous ils le font, des vers aux financiers ? Se changer en bouffon dans l’espoir vil de voir, aux lèvres d’un ministre, naître un sourire, enfin, qui ne soit pas sinistre ? Non, merci ! (…) Mais… chanter, rêver, rire, passer, être seul, être libre, avoir l’œil qui regarde bien, la voix qui vibre, mettre, quand il vous plaît, son feutre de travers, pour un oui, pour un non, se battre, – ou faire un vers ! » …
Mais si Guillaume Peltier s’arrête là, dans l’œuvre d’Edmond Rostand Le Bret finira par lui répondre, à la fin de l’acte, suggérant Roxane : « Fais tout haut l’orgueilleux et l’amer, mais tout bas, dis-moi simplement qu’elle ne t’aime pas ». Les histoires d’amour finissent mal, en général…