Benoit Lonceint, candidat à la candidature pour La République en Marche est furieux. Après l’article dans lequel nous dévoilions des extraits d’un document de candidature qu’il a rédigé, il proteste énergétiquement: “ce document n’a jamais été envoyé aux grands électeurs et je n’ai jamais dit de mal de Jean-Pierre Sueur”.
“Il s’agit d’un document de travail” dit-il. De fait, ce document n’a sans doute pas été envoyé aux grands électeurs, même si certains ont pu se le procurer, mais il s’agit bel et bien du dossier de candidature de 20 pages que Benoit Lonceint a envoyé à la Commission d’investiture de REM, à son président Jean-Paul Delevoye et que Magcentre s’est procuré. Il est titré “Elections sénatoriales, Loiret-45“, il est estampillé “Loiret en marche”, et son sommaire comporte six chapitres dont la “présentation du candidat tête de liste”, “l’équipe”, et “diagnostic des forces en présence”, le dernier chapitre traitant de la stratégie de campagne”. “C’était un document confidentiel adressé à la CNI qui n’avait pas vocation à être rendu public”, lance le chef d’entreprise de restauration rapide.
Jean-Pierre Sueur: “il a su dépasser les clivages…”
Contrairement aux affirmations de Benoit Lonceint, ce dossier de communication parfaitement ficelé, bien léché et agrémenté des photos des candidats et des élus de REM dans le Loiret, comprend bien un passage, au chapitre des “forces en présence”, sur le sénateur socialiste sortant Jean-Pierre Sueur. Outre le passage déjà cité, page 15 du document, il analyse: “l’élection de Jean-Pierre Sueur au premier tour peut paraître surprenante dans un département très marqué à droite. Toutefois le sénateur a su forger une image forte d’élu proche des habitants et des territoires, ne ménageant jamais son temps pour être présent dans les grands événements locaux. d’autre part, même en étant PS, Jean-Pierre Sueur a toujours su dépasser les clivages pour choisir l’efficacité, et il est évident que beaucoup de grands électeurs lui ont accordé leur suffrage”.
La division de la droite
Une analyse parfaitement pesée et qui se poursuit en ces termes, “jusqu’où ira la porosité des grands électeurs face à la vague en Marche”, et il s’en suit le passage déjà cité, “les efforts accomplis par Jean-Pierre Sueur pour être “macro-compatible” ne trompent pas grand monde…”.
L’analyse est complétée par un diagnostic sur la droite, “la droite républicaine a limité les effets Macron notamment dans les zones rurales: 3 ème, 4 ème, 5ème circonscription des législatives 2017. Cet effet indéniable…est largement contrebalancé par la division des partis de droite qui sont sur le point de présenter trois listes concurrentes…”. Là encore, l’analyse est pertinente.
Entre autres, le dossier envoyé à la CNI détaille les profils des coéquipiers supposés de la liste Lonceint: “Benoit Lonceint social libéral, Fabienne Leproux UDI, Nathalie Lucas LR, Jean-Luc Riglet centre droit, David Faucon ex-PS.” Depuis notre article précédent, Nathalie Lucas nous a fait savoir qu’elle avait bien accepté “il y a quelques semaines de figurer sur la liste Lonceint”, mais qu’en “aucun cas elle ne s’y maintiendrait s’il s’agit d’une liste dissidente”.
On sait en effet depuis la fin de semaine qu’Aline Mériau a été investie par la CNI (Commission nationale d’investiture) de REM. Exit donc Mme Nathalie Lucas.
Deux listes REM?
Benoit Lonceint accepterait-il de figurer sur la liste de Mme Mériau? “Il revient à la CNI de regarder ce qui est le plus efficace”, répond Benoit Lonceint qui refuse toute solution où il ne serait pas tête de liste. “Serait-il plus efficace d’avoir deux listes, l’une composée à 100% de candidats d’En Marche la mienne, et l’autre avec des animateurs locaux imposés par la CNI”, dit-il des éventuels colistiers d’Aline Mériau.
D’après nos sources, l’un de ces colistiers de Mme Mériau pourrait être Yves Clément, l’ancien président du MoDem Loiret reconverti à En Marche depuis plusieurs mois.
Benoit Lonceint maintiendra t-il jusqu’au bout sa candidature ou baissera t-il pavillon in extremis comme il l’avait fait aux législatives? La question qui pèsera son poids dans un contexte électoral déjà bien fourni, n’est, semble t-il, pas tranchée;
Ch.B