Il est un peu moins de midi, ce jeudi, à la Maison de l’Amérique latine, vieil et admirable hôtel particulier du boulevard Saint-Germain où plusieurs salons ont été loués pour l’occasion, quand la candidate du Parti radical de gauche (PRG), Sylvia Pinel, 39 ans, seule femme à participer à la primaire de la gauche vient présenter son programme. 
Très apprêtée, vêtue d’une robe rouge de coupe classique, l’ex-ministre du tourisme et de l’artisanat puis du logement qui a rejoint la primaire des 22 et 29 janvier après le retrait de François Hollande déclare d’entrée de jeu que son « projet n’est pas un catalogue de mesures éparses mais un projet cohérent, un projet pour la gauche de gouvernement ».
Devant elle, sur le pupitre huit feuillets d’un discours bien préparé, aux termes et aux arguments soigneusement pesés qu’elle va s’appliquer à lire avec un ton mesuré, sans jamais s’en départir. Lisse, accomplissant consciencieusement la mission dont son parti l’a investi le 14 décembre.
La singularité radicale
L’élue d’Occitanie dont elle conserve l’accent souligne d’abord, la « singularité radicale, du plus vieux parti de France et sa capacité à faire des propositions innovantes sur le terrain sociétal». Aussi reprend-elle ses demandes déjà anciennes : d’abord la légalisation du cannabis qui permettrait selon elle une économie de 2 milliards d’euros. Cette proposition est partagée dans cette primaire par Vincent Peillon et Benoît Hamon mais rejetée par Arnaud Montebourg et Manuel Valls. Elle souhaite ensuite l’école maternelle obligatoire à partir de 3 ans, le droit de vote aux étrangers « sous condition de résidence » aux élections locales mais également nationales allant ainsi plus loin que l’engagement non-honoré de François Hollande en 2012 et la reconnaissance du droit à mourir dans la dignité. Soulignant qu’elle est une femme, Sylvia Pinel professe l’accès à la procréation médicalement assistée sans condition pour toutes ses semblables et la facilitation des procédures d’adoption pour tous. Sur la défense de la laïcité la patronne du PRG se rapproche des conceptions de Manuel Valls « Nous nous attacherons à en faire connaître l’exacte signification et à lui donner tous les prolongements utiles. L’école de la République est le creuset où se forge l’unité de notre société », a-t-elle rappelé.
Liberté d’entreprendre
Puis elle a abordé le terrain économique. « Nous avons toujours prôné la liberté d’entreprendre, nous souhaitons réconcilier les entreprises et les salariés, les rendre plus compétitives », a-t-elle dit. La candidate propose de ramener l’impôt des sociétés à 20% contre 33% à l’heure actuelle, en élargissant l’assiette des bénéfices réalisés par les entreprises à l’étranger. Ell envisage la création d’un crédit d’impôt pour favoriser les CDI (1,5% jusqu’à deux Smic) et le transfert des cotisations famille des entreprises vers la fiscalité mais sans hausse de celle des ménages ;
Ces mesures seraient financées par la suppression du CICE (40 milliards par an) mais aussi par les gains escomptés grâce à la réforme de l’impôt sur les sociétés. Avec des mesures systématiques de compensation entre les dépenses et les économies cela devrait permettre de rester dans la limite d’un déficit public équivalent à 3% du produit intérieur brut. Autant de mesures qui éloignent ce projet de la gauche du PS et le rapprochent de son aile droite et du social-libéralisme cher à Manuel Valls.
Sécurité et Europe
Sur le plan de la sécurité la patronne du PRG souhaite un renforcement des moyens de police, de la justice et de l’administration pénitentiaire mais aussi la création de centres de prévention de la radicalisation.
En ce qui concerne l’Europe Sylvia Pinel prône la mise en place d’un gouvernement économique de la zone euro et une coopération renforcée dans les domaines fiscal et social ainsi que l’élection des députés européens à la proportionnelle.
Interrogée à la fin de son discours sur ses chances d’ être au second tour de la primaire et dans le cas contraire si elle donnerait des consignes de vote , la candidate a répondu, « Je ne suis pas là pour faire des pronostics, je suis là pour faire le meilleur score possible et défendre notre projet».
A l’heure actuelle, la candidate du PRG est crédité de 2% d’intention de vote dans un sondage Harris Interactive publié ce jour pour France Télévisions. Elle arrive devant François de Rugy, candidat du parti écologiste (1%) et Jean-Luc Bennahmias (0,5%).
Françoise Cariès