
Bernard Perreau au coté d’Henriette Reggui et de Jean François Lunébitz de l’APAC* (30 12 2015)
Bernard Perreau vient de nous quitter. Il luttait depuis plus de trois ans contre un cancer qui a eu du mal à mater son incroyable énergie.
Fils du peuple orléanais, Bernard a très tôt été séduit par l’art. Avant de devenir un personnage public de la ville, il s’est forgé une culture monumentale en autodidacte éclairé. Tout ce qui était beau l’attirait, les gens, l’art, les idées. Et les relations. Au moment de la construction de l’université, à La Source, il s’est bien sûr rapproché des étudiants, lui qui alors était instituteur, et qui déjà s’investissait dans l’Apac créée par Marcel Reggui en 1958. Très vite, il a pris les rênes de la partie cinéma de cette association, qui avait alors lieu salle Hardouineau. Et déjà il proposait une programmation fine et engagée, qui posait les questions ouvrant sur la compréhension du monde.
Après 68, le ciné-club a émigré au CRDP et a alors rassemblé un public jeune et nombreux, avec des salles atteignant trois cents spectateurs. On a vibré avec les mouvements de libération du tiers monde, on a suivi les Black Panthers ou la lutte de classes au Brésil et au Chili, mais on a aussi découvert les jeunes cinéastes européens de ces années là. Bernard conservait également le côté pédagogique de tout ciné-club, avec des Kurosawa ou des John Ford.
En novembre 71 par exemple, il proposait « Les autres films sur le racisme » avec Scènes de chasse en Bavière, un film de Rhodésie, Glauber Rocha du Brésil et l’Algérien Ali Ghalem.
En juin 73, « Des gens pas bien », avec Pierrot le Fou de Godard, Le zinzin d’Hollywood de Jerry Lewis, et Myra Breckinridge (Hermaphrodite), un monument de rire et de vengeance de Michael Sarne, ou le héros récemment opéré devient Raquel Welch qui explose complètement sous l’oeil amusé et complice de Mae West. Bernard adorait concocter de tels événements culturels, soignant autant le choix, le titre et la finesse du contenu.
Et puis il y a eu l’aventure du festival de cinéma, où il s’est investi jusqu’à la crise cardiaque. Qui ne l’a pas stoppé. Juste un peu, un tout petit peu ralenti.
Depuis une vingtaine d’années, le ciné-club continuait dans la salle du Kid de la Scène Nationale. Le public se renouvelait peu, l’époque ayant changé. Mais la qualité de programmation était toujours au rendez-vous. Et la confidentialité du public le désolait, mais n’entamait en rien son énergie à peaufiner des saisons qu’il partageait avec nous.
Jusqu’à cette année : il avait décidé pendant l’été que 2016-2017 serait la dernière saison de l’Apac.
L’équipe qui reste va faire son possible pour la mener à bien.
Bernard Cassat
*Association Populaire d’Art et de Culture
La Mairie d’Orléans salue la mémoire de Bernard Perreau
Pour saluer la mémoire de Bernard Perreau, un de ses acteurs culturels les plus actifs et les plus pugnaces, la ville d’Orléans lui rend hommage en ces termes:
“Passionné de cinéma, Bernard Perreau a pris en charge la programmation de l’APAC (Association Populaire d’Art et de Culture) dès les années 1970, puis sa présidence à la suite de Marcel Reggui. Pendant près de 50 ans il a fait vivre, avec son équipe, le ciné-club d’Orléans, et fait partager sa grande culture cinématographique aux Orléanais.
Investi dans la vie culturelle d’Orléans, Bernard Perreau a participé activement aux Assises de la Culture organisées par la Ville en 2013, dont le but était d’associer les acteurs culturels locaux à la réflexion sur l’avenir et le développement de la culture à Orléans.
La Mairie d’Orléans salue la mémoire et l’engagement de Bernard Perreau et adresse ses sincères condoléances à ses proches ainsi qu’à toutes les personnes qui ont partagé avec lui cette passion du cinéma.“
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